le mystère de la tablette

samedi 20 septembre 2025
par  dvial

je republie ici un texte de 2003 paru aux éditions Key Largo au format papier (ISBN 2-915103-03-8) mais jamais publié sur les internets ; je ne trouve d’ailleurs plus de fichier contenant ce texte à copier/coller donc je vais le saisir de nouveau dans les prochains jours.
(il y a 3 chapitres et un épilogue)
.
Vous n’êtes toujours pas autoriséEs à plagier, piller ni exploiter ce récit - comme aucun des textes de ce site - cesser de vous comporter comme de sales sionistes abuseurEs. Je suis un humain, encore vivant et disponible pour dialoguer si nécessaire.

l’illustration originale est de Karine Beddouk

.

C’est un polar médiéval et philosophique ...
on y croise Gilgamesh, des fantasmes d’immortalité, deux crimes, des illusions et quelques raisons de se méfier des secrets

Le mystère de la tablette

chapitre 1
Haut-Koenigsbourg

Frère Auguste arrive enfin en vue du château, au bout de trois jours d’un voyage pénible. Ereinté mais plein d’espoir il songe aux bienfaits d’un feu de cheminée et d’un morceau de viande lorsque sa mule soudain s’arrête. Devant le chemin sinueux et pentu qui mène à destination, la bête renonce. Sans doute refuse-t-elle de porter plus avant son opulent cavalier qui, après quelques encouragements puis suppliques en arrive à la réprimander. Mais rien n’y fait l’équidée reste sourde et bien campée sur ses jambes. Le moine se résout donc à descendre de monture pour escalader le sentier à pied. Lorsqu’ils passent ensemble le porche frère Auguste sue, souffle et crache alors que la mule pouffe.

Les soldats qui l’accueillent s’empressent de refermer la lourde porte derrière lui puis, après avoir indiqué d’un signe les étables ils regagnent aussitôt la salle de garde pour reprendre leur partie de dés à l’abri du vent.
Là, dans la cour, seul, le moine inspecte les pavés d’un sol débarrassé de la neige qui l’encombrait, mais sur lequel restent par endroits de larges flaques suspectes rendues glissantes par ce froid vif. Il se lance et c’est dans la posture de l’équilibriste prudent – bras ouverts – que Mattieu II, seigneur du château le trouve.
 « Tu es sans doute frère Auguste, de l’évéché de Starsbourg ?
- Et bien … oui. Sans conteste. » Répond il, bras ballants.
« Laisse là ta mule, quelqu’un va venir et toi va donc te restaurer, je te recevrai ensuite, va. » Ainsi parle Mattieu.

Alors frère Auguste se débarrasse bien vite de sa mule mesquine pour filer en cuisine où l’attend une revigorante collation de canard braisé, de fèves et de pain noir. Pendant qu’il mange, serfs et soldats alentours gardent le silence. Bien entendu, tous ont eu vent de la venue d’un saint homme érudit, capable d’étudier l’étrange objet découvert, mais nulle n’ose en souffler mot.

« A vrai dire, c’est arrivé il y a trois mois, quand on s’est mis à construire les nouveaux greniers à grains. C’est le Germain qui a déterré le bout d’argile. Tout couvert de signes étranges. S’il n’a pas été le jeter aux débris c’est parce qu’il l’a tiré d’un semblant de coffre en bois. Le fond et un côté étaient encore là dans la terre et le morceau d’argile lui a semblé sortir de ce coffre. Alors il l’a apporté vite fait au Seigneur, Mattieu qui t’a fait venir. Le Germain espérait une récompense. Il l’a pas eu. Mattieu a eu comme peur d’après le Germain … il lui a interdit d’en parler avant qu’il sache ce dont il retourne. »

En fait, quoiqu’en pense le cuisinier qui explique ainsi au moine sa version des faits pendant qu’il mange, Mattieu avait examiné la tablette sous tous les angles puis, avant que la nouvelle ne soit répandue en rumeurs par un serviteur ou une lingère il l’avait montré dans le plus grand secret à son abbé, deuxième personnalité en vue du château.
Celui-ci fut curieux mais cependant prudent.
L’hypothèse d’une langue ancienne écrite dans un alphabet inconnu de lui, sembla plausible. Quand à la teneur du message, il hésitait. Pourtant, il lui semblait évident qu’il ne pouvait être question ici que de quelque secret – terrible ou merveilleux. Pour l’abbé, à l’esprit crédule, cette tablette énigmatique surgie du fond du sol et des âges devait receler un recette magique, un trésor helvétique ou une révélation mystique – de toutes les manières quelque chose de pour le moins fabuleux.
L’idée de trésor plut beaucoup à Mattieu. Ils évaluèrent alors leurs chances de percer ensemble le secret de si mystérieuse énigme mais après avoir longtemps tergiversé et avant que la nouvelle ne soit contée par une marchande ou un ménestrel ils avaient décidé ensemble d’avertir l’autorité supérieure de l’évêché.

Et c’est ainsi, malgré la description très floue et l’intérêt négligeable de l’objet présenté par l’abbé dans sa lettre, que le prélat avait convoqué son meilleur spécialiste des langues anciennes et païennes. Il lui avait confié mission, lui recommandant de prendre tout le temps nécessaire, d’estimer l’intérêt de la découverte. Puis, si l’état de ladite le permettait, il devait la ramener à Strasbourg pour étude. Aussitôt, frère Auguste avait quitté l’évêque sans claquer des sandales puis il avait enfourché la première monture disponible pour ce trajet : la mule mesquine …

Et à l’instant, c’est par un rot clair qu’il conclut son repas - et sa réflexion.
Il se permet alors de secouer l’un des gardes et le prie de le conduire auprès de Mattieu.
Là, après quelques secondes d’un silence solonel, celui-ci prend enfin la parole :

« Soyez le bienvenu dans mon château. Je suppose que vous êtes impatient de voir le … enfin la … l’objet ?
- en effet, j’en suis tout fébrile, rétorque le moine en éternuant. »

L’abbé sort tout à coup de l’ombre et sans un mot il s’approche d’un coffre massif. Il le déverrouille, soulève le lourd couvercle de bois épais avec une lente et infinie précaution dramatique, pour présenter au moine le trésor de terre qui bientôt devrait changer le cours de l’Histoire du monde … ou tout du moins leurs destins.

Il s’agit bien d’un morceau d’argile. Plat et de forme rectangulaire, divisé en quatre colonnes de taille identique. Chacune d’elle est plus ou moins chargée de signes réguliers. L’ensemble peut aussi bien être un texte unique composé de quatre paragraphes ou quatre parties, que quatre textes différents. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que les marques ont été imprimées dans une argile encore humide, par un instrument pointu, tantôt en forme de traits, tantôt en forme de triangles. A bien y regarder cela ressemble beaucoup à une écriture nommée bien plus tard « cunéiforme », une écriture que frère Auguste avait déjà rencontrée en terre sainte lors de la sixième croisade menée par Frédéric II de Hohenstaufen. Là-bas, les pierres qui portaient ces empreintes étaient vieilles de plusieurs millénaires avant la venue du Christ.

« Alors, qu’en dites vous ? Demande Mattieu, soudain pressant.
- C’est passionnant, passionnant. Il va falloir que je prenne le temps de l’étudier bien sûr avant de comprendre ce dont il s’agit …
- Mais ? » relance l’Abbé
« - Il semble évident que cette tablette est très ancienne. Et qu’elle contient un message. Car l’alphabet utilisé est très ancien et vient de très loin d’ici.
- De quoi peut-il être question selon vous ? Insiste Mattieu.
- Je n’en sais rien. Cela demandera du temps.
- Pensez vous l’étudier ici ? » La question vient de l’Abbé.
« Notre prélat l’évêque m’a recommandé de la ramener à Strasbourg. Elle est plutôt bien conservée et pour le voyage, je suppose que cela ir..
- Mais avez vous pensé aux pillards qui rôdent dans la région ? » l’interrompt l’abbé avec force. « Inutile de vous dire que la moitié du pays est au courant de cette découverte majeure !! Il se peut fort bien qu’un esprit mal intentionné ait organisé son vol ... »

La suggestion, jetée en l’air comme une menace incongrue refroidit l’atmosphère. Auguste renifle. Il lui semble qu’une escorte fournie par Mattieu est suffisante pour décourager voire repousser d’hypothétiques brigands analphabètes, prêts à risquer leur vie pour un morceau de terre sans valeur jusqu’à preuve du contraire … Puis il se ravise. Il est curieux lui aussi, et surtout assez peu pressé de reprendre la route par ce froid. Il propose donc de commencer son étude ici, au château, ensuite dans quelques semaines tout au plus il regagnera Strasbourg escorté et sous un ciel plus clément. De toute façon, il est probable que son travail dure plusieurs mois ; sans bibliothèque il n’avancera pas beaucoup mais il peut commencer par faire copies du texte ici, au chaud.

Heureux de cette décision, Mattieu s’empresse de ranger la tablette dans le lourd coffre de bois. Il invite le moine à venir travailler dans son bureau personnel dès le lendemain matin et le fait conduire dans une cellule discrète plutôt qu’au dortoir. Là enfin, le religieux se mouche. Il est songeur. Bien sûr, l’attitude de ses hôtes n’est pas étrangère à son trouble mais quelque chose de bien plus extraordinaire le transporte. Ayant disposé ses affaires il s’allonge sur la paillasse et puis s’étire. Ce voyage imprévu, l’étrangeté de la découverte l’ont replongé dans de lointaines pensées.

Il y a près de vingt cinq ans en orient, il a déjà vu des signes semblables. Ils étaient gravés sur des briques qui ornaient un temple ancien. Il avait appris par la suite qu’en réalité ces briques d’argile provenaient elles mêmes d’un pays situé encore plus à l’est, ou au nord entre le Tigre et l’Euphrate. Et qu’elles avaient été amenées jusque là par les pères des pères de tribus nomades oubliées aujourd’hui.
Cette histoire avait tant éveillé sa curiosité de jeune moine qu’après les combats auxquels se livraient les hommes pour imposer leur foi il avait passé de très longues heures – sous prétexte de les convertir – en compagnie de prisonniers arabes instruits et cultivés qui étaient retenus en otage par les croisés à l’issue des batailles. Il ne cessait de questionner leur histoire, cherchait à comprendre leurs usages et ces briques en particulier l’intriguaient. Mais jamais l’un d’entre eux ne sut – ou ne voulut – le renseigner.
Sauf un matin.
Il allait poursuivre ses échanges et recueils lorsqu’un enfant était venu à sa rencontre. Sans un mot il lui avait fait signe de suivre et l’avait conduit vers un groupe de tentes dans le camp des prisonniers.
Devant l’une d’elle, un vieil homme assis par terre parlait, entouré d’une vingtaine d’hommes, de femmes et d’enfants. Tous silencieux.
A l’arrivée du moine le vieillard se tu lui aussi. Puis, considérant l’étranger avec mépris il l’interpella en ces termes :

« Ainsi c’est toi qui interroge mes frères ?
Non content de nous imposer ton Dieu et ta Loi tu veux en plus percer nos secrets les plus anciens ? Qui es tu donc chien d’infidèle ? »

Quelque peu impressionné par le ton, le jeune moine avait bafouillé :

« Mon nom est Auguste et je ne suis pas responsable de la folie de mes frères. Si je suis venu jusqu’ici c’est moins pour parler de mon Dieu que pour étudier le votre. Ma nature curieuse m’a en effet poussé à quitter mon pays, j’ai cependant préféré porter la soutane plutôt que l’armure. Et maintenant que je suis ici je regarde et j’apprends. Même si ce que je vois, parfois, me fait honte.
J’espère comprendre et raconter dans mon pays ce que j’ai aimé ici. Ce que j’y ai vu de beau et de sublime. Je ne souhaite pas vous offenser et je peux m’en retourner sur le champs.
- reste ! Si vraiment tu es celui que tu prétends être, tu devras m’écouter. Mais d’abord, que feras-tu de l’histoire que racontent ces pierres si je te la transmets ?
- et bien mon rôle est de témoigner. Je dessine vos palais et vos paysages, je note vos us et vos coutumes, j’ai même toute une somme de recettes de cuisine et j’ess…
- Assez ! C’est insuffisant !! Cette histoire là mérite beaucoup plus ! Bien plus. Si je te la raconte il faudra que tu fasses bien plus que la recopier avec soin avant de la décorer de broderie d’or. Es-tu bien sûr d’être prêt à l’entendre ? »

A présent confus, Auguste avait fini par bredouiller, il cherchait à comprendre lorsque le vieil homme avait déclaré d’un ton grave :

« tu devras la raconter à ton tour. Encore et encore tu devras raconter cette histoire. Si je décide de te révéler ce texte c’est pour que l’histoire qu’il porte vive. Cette histoire devra vivre. Je sais quel sort nous attend. Nous serons tués pour la plupart. Les autres seront vendus comme esclaves. Je ne pourrai plus réunir les femmes et les enfants autour de moi pour leur conter les merveilles et les peines de leurs ancêtres. Et cette histoire comme bien d’autres sera perdue. Alors toi, tu devras la raconter dans ton pays. Tu réuniras les hommes, et les femmes et les enfants, les jeunes et les plus vieux, tu réuniras tous les tiens et tu leur diras ce que tu sais . Ce que tu as entendu et vu et compris. Alors ?!? … Qu’en dis tu ? Es tu prêt à entendre ? Réflechis bien !
Réponds vite ! Nous manquons de temps ! »

Frère Auguste n’avait osé qu’un signe de tête en guise d’accord et un regard pour le sceller. On lui avait alors fait signe d’entrer dans la plus grande des tentes du clan, où tous les membres avaient suivi. Et chacun s’était installé en silence sur de somptueux tapis et coussins qui bientôt, iraient peut-être orner des demeures chrétiennes.

chapitre deux

L’épopée de Gilgamesh

[nda : dans ce chapitre, le texte entre guillemets est extrait de l’épopée de Gilgamesh traduit par monsieur Abed Azrié (paru aux éditions Berg) et reproduit avec son aimable autorisation (rue LePic)]

" Celui qui a tout vu
Celui qui a vu les confins du pays ;
Le sage, l’omniscient
Qui a connu toutes choses,
Celui qui a connu les secrets
Et dévoilé ce qui est caché
Nous a transmis un savoir
D’avant le déluge.

Il a fait un long chemin.
De retour, fatigué mais serein,
Il grava sur la pierre
Le récit de son voyage.
Il bâtit les remparts d’Ourouk
Et l’Eanna sacré, pur sanctuaire,
Demeure d’Anou et d’Ishtar.

Vois ces murailles extérieures
Aux frises luisantes comme le cuivre.
Touche le seuil de pierre
Qui est là depuis toujours.
Approche de l’Eanna, demeure d’Ishtar :
Nul roi ne fera jamais plus
De pareilles constructions,
Nul être humain.

Monte sur les remparts d’Ourouk
Laisse tes pieds les fouler.
Examine les fondations
Et scrute le briquetage
Vois si tout n’est pas d’argile cuite
Et si les sept sages
N’en ont pas posé les fondations."

C’est des remparts d’Ourouk qu’ont été arrachées les briques que tu as vues. Un de nos fiers ancêtres les a ramenées de si loin. Elles sont précieuses et pourtant, plus personne n’y fait attention. Il faut être observateur pour remarquer de loin les signes qu’elles portent. C’est parce que cela t’intéresse que je vais te raconter ce que je sais et comme cette histoire est très ancienne il est bon qu’elle circule, qu’elle voyage.
Cette histoire, cette épopée, raconte le destin de Gilgamesh celui qui pour deux tiers est dieu et pour un tiers homme. Sa force est équivalente à celle d’un taureau sauvage, sa vaillance et sa beauté sont sans égales. Gilgamesh fut roi d’Ourouk, en Mésopotamie. Je te parle là du temps des premières cités humaines, de l’époque où l’homme nomade était libre comme nous l’étions nous même avant que tu ne viennes de loin nous imposer ta Loi.
Gilgamesh est un personnage mythique, à la fois humain et divin. On raconte que son père, le roi-prêtre de Koullab s’unit un jour à la déesse-vache Ninsoum à l’insu de son mari : Lougalbanda. Ce dernier qui n’était pas jaloux devînt le protecteur de Gilgamesh. Pour cette raison, on lui accorde trois parents, dont deux dieux. Mais Gilgamesh restait mortel et faible comme le sont les hommes les plus forts. Alors pour se distraire il combattait. Et lorsqu’il n’était pas en guerre il menait une vie d’enfer aux habitants d’Ourouk. On rapporte qu’il ne laissait pas un fils à son père, pas une vierge à sa mère, fut elle fille de guerrier ou même promise à un hero.

Alors, épuisés, la population d’Ourouk en appelle un jour à Anou : roi des cieux. Ils se plaignent à lui de n’avoir pas la paix. Ils argumentent que la frénésie de batailles de leur souverain mettait en péril le destin de son propre peuple en sacrifiant à un tel rythme la jeune génération. Entendant leurs plaintes, Anou décide de visiter Arourou, la déesse génitrice qui avait accordé toute cette force à Gilgamesh.

"C’est toi Arourou qui créa cet homme,
Crée maintenant pour lui un rival.
Qu’il soit par la force du coeur
Et du corps comparable [à Gilgamesh]
Qu’ils luttent sans cesse ensemble.
Ainsi Ourouk gagnera la paix
Et la tranquillité."

Ainsi fût il fait. En un rien de temps Arourou conçoit en elle une image d’Anou, elle se lave les mains et prend une poignée d’argile qu’elle lance dans la plaine. C’est par ce geste qu’elle crée Enkidou le héros, substance de Ninourta le dieu de la violence et de la guerre.

" Son corps est couvert de poils
Sa chevelure est celle d’une femme
Les touffes de ses cheveux poussent
Comme des épis de blé.
Il est vêtu comme le dieu Soumouqan.
Il ne connait ni les hommes ni les pays ;

Sa seule compagnie est l’animal
Avec les gazelles il broute l’herbe
Avec les hardes il s’abreuve aux points d’eau.
Auprès des sources, en compagnie des êtres sauvages
Son cœur se réjouit."

C’est la description du héros telle qu’elle nous est parvenue. Enkidou est sauvage. Humain parmi les animaux il est resté sauvage, un taureau sauvage. C’est d’ailleurs un jeune chasseur guettant à l’affût les gazelles qui le premier croise Enkidou près d’un point d’eau. Il le voit une fois. Puis il le voit une autre fois et encore une troisième. Alors il partage ses craintes avec son frère qui va en parler à leur père. Car en plus de la peur que lui inspire l’étrange animal qu’il lui a semblé entrevoir sans le reconnaître, le jeune chasseur a remarqué ses trappes découvertes et ses filets détruits ;
comme si Enkidou, homme parmi les hardes, protégeait le gibier.

Leur vieux père éveillé comprend à ce que dit son fils, que les pleurs des femmes d’Ourouk, les pleurs des mères et les pleurs des femmes de guerrier, leurs lamentations ont été entendues. Il cache cependant le soulagement et la joie que cette nouvelle lui procurent et il se contente d’envoyer son fils prévenir Gilgamesh.

" Qu’il sache que sur ses terres non loin de là, vit un être dont la vigueur et la force sont celles d’Anou. Qu’il sache que cet être parcours les plaines et les collines, qu’il est le plus fort dans le pays et qu’il emploie sa force à priver de chasse de pauvres paysans. Qu’il vienne juger et réprimer celui qui, par sa seule présence est un défi à son autorité ! "

Ainsi pérore le vieillard pour convaincre son fils : que Gilgamesh dans son cœur et dans son autorité soit atteint par cet être envoyé par les dieux. Et que leurs combats s’engagent et les détournent de la cité.
Cependant, sa femme présente et tout aussi futée, comprend son intention. Devant leurs deux fils qui se regardent sans un mot, elle s’approcha de l’aîné et se met à lui chuchoter quelques phrases à l’oreille. Après quoi, leur père acquiesse ; avant de s’adresser à eux de nouveau.

" Ne présentez pas cet être sauvage comme trop cruel à Gilgamesh. Après tout, s’il protège ses semblables les animaux c’est que les dieux l’ont fait sensible. Peut être que Gilgamesh trouvera en lui un ami plutôt qu’un rival. S’il peut être apprivoisé, il saura peut-être s’humaniser. Et pour cela il n’y a qu’une seule manière de s’y prendre. Avant de rejoindre Ourouk et le palais, tu devras passer d’abord par la demeure d’Ishtar. Là, explique. Si la prêtresse estime que les qualités d’une femme pourront aider, elle te confiera une hiérodule : épouse sacrée dédiée à Ishtar. Elle seule saura adoucir tel homme fauve. Ensemble vous irez voir Gilgamesh et lui seul t’indiquera alors quoi faire. Va ! "

Tout se passe comme prévu par le couple des ailleuls. Gilgamesh écoute le jeune chasseur et accepte que lui soit confiée l’une des courtisanes sacrées, parmi celles qui consentiraient à mener cette mission. Qu’elle séduise, humanise, civilise ce rival si la chose est possible !

Sans plus attendre, l’équipage des deux frères et de la courtisane repartent vers le sud. Au troisième jour ils arrivent près de la source où boivent les gazelles.
Ils attendent là encore deux jours et puis le soir la harde approche. Alors, le chasseur murmure ces mots :

" C’est lui courtisane.
Enlève tes vêtements, dévoile tes seins.
Dévoile ta nudité.
Qu’il prenne des charmes de ton corps
Toute la jouissance.
Ne te dérobe pas. Provoque en lui le désir.
Dès qu’il te verra, vers toi il sera attiré.
Enlève tes vêtements
Qu’il tombe sur toi.
Aprends à cet homme sauvage et innocent
Ce que la femme enseigne.
S’il te possède et s’attache à toi,
La harde qui a grandi avec lui dans la plaine
Ne le reconnatra plus."

Lentement la femme enlève ses vêtements, dévoile ses seins, dévoile sa nudité. Et Enkidou s’éprend de la femme. En lui est provoqué le désir et elle ne se dérobe point. Six jours et sept nuits durant Enkidou et la femme se réjouissent. Sans cesse il la désire, sans cesse elle l’accueille et après six jours et sept nuits un sentiment est né, il se trouve attaché à elle.
Quand il lève le regard vers ses compagnons, les gazelles se détournent, la harde s’éloigne. Il se lève pour les suivre mais il est sans force. Lui, le taureau sauvage ses genoux le trahissent.
Émue par l’abattement et la tristesse qui soudain submergent Enkidou, la femme l’encourage :

" Tu possèdes maintenant la sagesse,
Tu es devenu comme un dieu.
Pourquoi avec les hardes parcours tu la plaine ?
Viens.
Je vais t’emmener dans une cité
Entourée de remparts
Je vais te conduire dans Ourouk
Au temple sacré, demeure d’Anou et
d’Ishtar
Où vit Gilgamesh à la force incomparable.
Là, comme un taureau sauvage
Il règne sur les gens."

Sans force et doutant de sa nature, Enkidou se laisse tomber entre les bras ouverts de la courtisane. Avec elle il connaît les plaisirs et les joies. Elle lui apprend bien plus : elle lui apprend à manger du pain et à boire de la bière ; elle le baigne, le huile pour lisser son corps velu ; elle l’habille et elle lui apprend à marcher, et alors enfin elle le conduit jusqu’aux remparts d’Ourouk.

A leur arrivée, l’endroit se trouve en proie à une grande agitation. L’initiation d’Enkidou avait laissé s’écouler plusieurs semaines et c’était dejà le jour de l’an, jour du solstice d’été auquel est célébrée une fête destinée à assurer la fertilité du royaume. Lors de ce rituel le roi Gilgamesh s’unit à une prêtresse sacrifiant au culte d’Ishtar, et par cet acte il ensemence la Terre.

La cité d’Ourouk se trouve donc pleine d’une activité inhabituelle, les préparatifs occupent chacun, tous se pressent au plus près pour assister à la toute proche union qui doit avoir lieu dans la maison nuptiale. Autour du lit se dressent des offrandes apportées par cette foule. La prêtresse, parée des symboles de fécondité et entourée de cent autres femmes de sa suite est portée sur la place vers la maison, lorsque la hiérodule et son tout nouveau protégé entrent avec la foule.

Soudain, voyant approcher Gilgamesh pour la rejoindre, Enkidou jaloux le provoque en barrant la route vers la maison. Furieux, les deux puissants adversaires se ruent l’un vers l’autre et s’affrontent au milieu du marché. Comme des taureaux ils mugissent et se heurtent avec violence. Bientôt c’est le mur d’enceinte qui tremble tandis que la foule hurle pour encourager le combat. Après deux jours de tumultes et de charges, enfin la fureur de Gilgamesh s’apaise. Il se courbe, le pied fixé au sol - Enkidou salue la valeur du roi et les deux héros se relèvent alors ensemble - puis ils s’embrassent.

Gilgamesh recevait en Enkidou un compagnon digne de sa puissance. Il s’en réjouit et promet qu’il a trouvé un ami fidèle et courageux. Enkidou, qui hier était ensauvagé prend aujourd’hui place dans la cité.
Mais une fois la liesse passée les habitants d’Ourouk craignent qu’ Enkidou ne soit qu’un espoir trop vite déçu. Car deux demi-dieux risquaient de consommer plus de guerriers et de vierges que Gilgamesh seul. C’est donc avec un soulagement discret que beaucoup accueillent le projet ambitieux des héros : le roi en effet décide de partir combattre Houmbaba.

Son plan consistait à pénétrer la forêt de Cèdres - demeure d’Houmbaba - et de le tuer pour détruire le mal sur cette terre. L’expédition s’annonçait périlleuse mais l’amitié et la vaillance des héros paraissaient sans égales.

Les artisans se mettent donc au travail et fondent des armes adaptées à la force des guerriers. On dit que la hache seule pesait près de trois talents. On y ajoute de grands glaives et deux fourreaux d’or et lorsque tout est ciselé, poli et aiguisé Gilgamesh rassemble d’abord les plus anciens pour annoncer son départ. Ceux ci rappelent à leur roi les dangers qu’il allait encourir. Ils promettent de prier pour son salut et d’attendre le retour des deux héros avec confiance.

En guise de conclusion Gilgamesh se prosterne devant le dieu Shamash et implore sa protection. Mais Shamash, dieu solaire se voile, et se présage contraire fait couler une larme sur le visage du jeune roi ; pourtant l’arc est prêt et la quête est noble : alors ils devront partir.

"Puisse Lougalbanda - ton protecteur
Être à tes côtés
Pour réaliser ton désir et toi
Pareil à un jeune enfant
Atteindre ce que tu espères."

C’est ce que disent à leur roi les plus anciens habitants d’Ourouk.

Pour terminer la cérémonie Gilgamesh accompagné d’Enkidou se présente devant Ninsoum : la grande reine, la sage, l’omnisciente. Celle ci est touchée par la naïveté avec laquelle ils se sont lancés dans une telle expédition. Conçue sans conscience des dangers à venir. Elle monte sur la terrasse et depuis là, elle s’adresse directement à Shamash, elle le prie et lui confie ses deux enfants.

Le voyage jusqu’à la forêt se fait sans obstacle.
Pourtant chaque soir Gilgamesh demande à la montagne que lui vienne en songe un présage heureux mais rien n’y fait.
C’est ainsi qu’une nuit il réveille son compagnon pour raconter l’angoisse dans laquelle le mettent ses rêves. Enkidou, parce qu’il était né dans le désert, sait interpréter les rêves. Il écoute donc avec attention et cette fois ci comme les suivantes, à chaque fois il rassure le roi.
Car ce qui inspire terreur et désespoir à l’un évoque aussi bien chez cet autre protection et victoire.

Ainsi, après avoir parcouru en quelques jours ce que d’ordinaire un homme met des mois à couvrir, ils arrivent en vue de la lisière de la forêt de Cèdres gigantesques. Et alors, c’est Enkidou qui défaille : les arbres sont comme une muraille, plus infranchissable que les remparts de la ville la mieux cernée. Et derrière les arbres se devinent des dangers plus terribles encore.
Gilgamesh encourage son frère :

" Après tout ce que nous avons endurés
Après tout ce long voyage,
Reviendrons nous d’où nous sommes venus ?
Toi qui a connu les obstacles,
Toi qui as pratiqué la lutte,
Méprise la mort,
Sois vaillant !
Reste auprès de moi ;
Ton courage te reviendra
La peur et la faiblesse te quitteront.
Convient il à mon ami d’abandonner
Et de retourner en arrière ?
Ensemble, mon ami nous avancerons
Jusqu’au cœur
De la forêt.
Chacun de nous défendra l’autre.
Ignore la mort, dédaigne la crainte,
Si nous tombons dans la lutte
Nous laisserons derrière nous
Un nom immortel."

Ils franchissent donc ensemble le rempart des Cèdres et avancent vers le coeur du domaine d’Houmbaba.
Pour l’attirer, Gilgamesh décide de couper un arbre immense qui en tombant fait un vacarme vrombissant comme les roulements dans le vent, d’un coup de tonnerre.
Houmbaba arrive - furieux - prêt à mettre en pièces l’insolent qui a osé le provoquer.

A cet instant, Shamash déclenche de grands ouragans.
Comme en écho à la chute tonitruante de l’arbre abattu, Shamash, qui avait entendu les prières de Ninsoum fait se fracasser ensemble les vents du nord et ceux du sud, en tempètes et en cyclones. Ces fracas d’éclairs aveuglent le puissant Houmbaba.

Les deux amis sortent alors leur glaive et ensemble ils le frappent à mort. S’en est fini du terrible Houmbaba. Grâce à la protection des dieux, les héros ont pu accomplir leur exploit et pour qu’à Ourouk on connaisse l’issue heureuse du combat ils abattent des Cèdres que le courant du fleuve Euphrate emporte en aval.

Le soir venu, Gilgamesh est occupé à laver dans ce fleuve ses vêtements souillés de sang et ses armes, nu dans l’eau rougie, lorsqu’il a la surprise d’une visite inattendue : Ishtar en personne apparait face à lui. La belle Ishtar considére la force et la beauté du guerrier digne d’une déesse et sans autre détour en ces termes elle l’invite à l’union :

" Viens Gilgamesh, sois mon bien aimé.
Laisse moi me réjouir
Du fruit de ton corps.
Sois mon époux et je serai ton épouse.
Je te donnerai un char de lapiz lazuli et d’or
Ses roues seront en or
Et ses cornes en elmeshou ;
Et au lieu de mulets
Tu atteleras des démons de la tempête.
Lorsque tu entreras dans notre maison
Embaumée de parfum de cèdres
Seuil et trône baiseront tes pieds ;
Les rois, les gouverneurs et les princes
Se prosterneront devant toi
Et t’apporteront en tribut
Les fruits de la montagne
Et les récoltes des plaines.
Tes chèvres donneront trois petits,
Tes brebis des jumeaux,
Les ânes porteront plus de charge
Que des mulets
Les chevaux de tes chars
N’auront pas de rivaux à la course,
Ton boeuf sous le joug n’aura pas d’égal."

Toutes ces richesses sont tentantes pour un humain.
Mais Gilgamesh qui pour deux tiers est dieu et pour un tiers homme n’est pas dupe. Il sait que ceux qu’Ishtar prend pour amant ne deviennent pas époux.
Il sait comment elle avait destiné Tammouz, l’amour de sa jeunesse, aux pleurs et aux lamentations. Il sait que Allalou au plumage multicolore erre à présent dans les bois, les ailes brisées. Il connaissait l’histoire du lion à la force parfaite, celle du cheval que sans cesse sa mère Silili pleurait. Il savait que le berger qu’elle avait aimé était aujourd’hui le loup, que ses compagnons pourchassent.

Gilgamesh sait que s’il accepte de s’unir, son destin sera semblable. Il refuse donc les avances de la déesse, l’humiliant tant qu’elle courre vers son père Anou, rapporter l’insulte.
Pour laver l’affront elle exige un taureau céleste capable de tuer Gilgamesh. Et pour l’obtenir elle menace - comme c’est en son pouvoir - d’ouvrir la porte des Enfers. Si ce geste est accompli, alors les morts en surnombre dévoreront les vivants.

Face à tel chantage Anou ne peut rien.
ll rappelle tout de même que la venue du taureau céleste amènera sur la terre sept années de disette. Ishtar rassemble donc tout le grain qu’elle peut pour les hommes et pour le bétail, elle coupe toute l’herbe fraîche. Seulement après que tous ses préparatifs faits permet de s’assurer que tout a bien été fait pour palier à la sécheresse à venir, Abou donne à sa fille la longe du taureau céleste.

Sitôt arrivé sur terre, son mugissement tue d’un coup trois cents hommes. Puis, sans autre préliminaire il fonce droit sur les deux héros : un combat terrible s’engage donc : les deux hommes-taureaux : dont l’un est roi, l’autre sauvage contre le taureau céleste.
Après de multiples charges et évitements, d’un geste précis, c’est Enkidou qui le premier parvient à en saisir la queue. Gêné dans son élan le taureau céleste pivote alors sur lui-même et quand il tourne sa tête pour encorner Enkidou, sans hésiter Gilgamesh plante son glaive dans le cou de l’animal mythique ;
qui tombe et puis s’effondre.
Ensemble une fois encore ils sortaient victorieux !

Aussitôt ils arrachèrent le cœur du taureau et l’offrirent à Shamash - en signe de dévouement.
Dépitée, furieuse, Ishtar apparût au dessus des remparts d’où elle leur jetta d’autres malédictions.

" Malheur à Gilgamesh
Qui a souillé mon nom
Qui m’a humiliée
Et qui a tué le taureau céleste."

Mais la menace n’effraie pas les deux héros.
Enfin ils peuvent souffler et apprécier leurs victoires.
Ils donnent aux artisans les cornes du taureau et défilèrent dans les rues d’Ourouk où les habitants commentaient ce dernier combat. Une jeune femme chantait :

" C’est Gilgamesh le plus glorieux
Parmi les héros
C’est Gilgamesh
Le plus beau parmi les hommes !"

Le soir même toutes et tous communient en une grande fête donnée par le roi dans son palais et toute la cité retentit des exploits de ses héros.
Pourtant, au matin, un malheur les attend.

Enkidou se trouve malade et ne peut faire autrement que rester allongé. Il raconte que dans un rêve il a vu les dieux tenir conseil. Et ils ont décidé que pour la mort du taureau céleste, Enkidou doit mourir.
Shamash avait pris sa défense mais Enlil, souverain du destin des hommes était resté sourd.

Gilgamesh eût beau tenter de rassurer son compagnon comme il l’avait fait maintes fois avec lui, Enkidou se mit à maudir le chasseur qui l’avait aperçu. Sentant ses forces faiblirent il songe à la femme et à son désir. Il maudit la femme et la cité d’Ourouk et le palais et jusqu’à la porte du palais, il maudit les hommes.
Entendant ces paroles du héros, Shamash vient en personne vers lui pour calmer sa révolte. Il lui rappelle le bonheur qu’il a connu auprès de la femme, il lui rappelle la joie de partager tant de gloire avec un compagnon si fort et si noble que Gilgamesh. Par ces mots il scellait le sacrifice du sauvage plus qu’il ne parvint à en apaiser les tourments. Enkidou finit par s’endormir.

Mais le jour suivant sa maladie s’est aggravée. Et le rêve qu’il rapporte à son ami est plus triste encore. Durant douze jours Enkidou reste allongé, ses forces le fuient peu à peu. Son esprit déjà parcourt la plaine. Il sait que lui, le taureau sauvage qui broutait avec les gazelles en hardes, lui qui vivait libre dans les roseaux, lui dont la vigueur et la force sont celles d’Anou, il sait qu’il va mourir allongé sur la brique - quand seul celui qui tombe au combat est béni.

Le douzième jour, au premier rai de lumière Enkidou ne levait plus les yeux. Gilgamesh lui touche le cœur. Son cœur ne battait plus.
Alors, ivre de douleur, pleurant et rugissant tout à la fois sa colère et sa peine, le roi promet :

" Dans le lit somptueux de la gloire
Je t’ai couché
Sur le siège de repos à ma gauche
Je t’ai assis
Pour que les princes de la terre viennent
Et baisent tes pieds.
Je ferai pleurer et se lamenter sur toi
Les habitants d’Ourouk
Même ceux qui sont dans la joie.
Je les ferai pleurer sur toi.
Et moi-même
Je laisserai mes cheveux défaits
Le long de mon dos
Je me vêtirai d’une simple peau de lion
J’irai errer dans le désert."

Dès que son compagnon a été honoré et son corps enseveli, Gilgamesh repart.
Cette fois il est seul.
Et il ne part pas combattre.

La mort de son frère lui rappelle sa propre précarité de mortel.
Comment pourrait il vivre à présent ? Cette mort qu’il brave sans crainte a pris son seul compagnon. Un jour elle viendra le prendre lui aussi.

Et cette conscience soudaine de sa singulière existence lui est insupportable. Il pense à retrouver ses aïeux, Outa-Napishtim et sa femme. C’est le seul couple d’humains qui a survécu au déluge. Les dieux leur auraient révélé le secret de la vie éternelle :

là commençait la véritable quête de Gilgamesh - une quête d’immortalité - et là s’interrompait le récit dans le souvenir de frère Auguste.

Hélas en effet, la suite s’estompait dans l’esprit du moine. Il lui semblait que Gilgamesh croisait sur sa route un homme-scorpion et encore Shamash et puis Sidouri, la cabaretière. Mais Auguste n’avait rien retenu de plus de cet ancien mythe. Il ne savait plus si Gilgamesh retrouvait ses ancêtres ni s’ils consentirent à lui transmettre le secret de l’immortalité.
Peut être était ce dû aux fumées âcres qui s’étaient diffusées dans la tente au fil du conte, le moine s’était endormi le visage sur une étoffe de soie. Le lendemain, le soleil l’avait éveillé, sans qu’il ait su tout ce que les dalles d’argile avaient à raconter.

Cette aventure insensée a longtemps occupé ses réflexions. Il pensait avoir fauté en ne rapportant pas dans son pays la totalité de cette histoire ancienne. Il se jugeait mal et considérait avoir trahi une partie de la confiance du vieil homme.

Se peut il qu’aujourd’hui le destin le rattrape ?

Après tout, s’il se trouve ici pour déchiffrer ce texte, si c’est lui que Dieu a choisi pour cette mission c’est peut être parce qu’il existe un lien secret entre l’histoire de Gilgamesh et la sienne - un écho persiste peut être, depuis les mots du vieillard sous les remparts jusqu’à la tablette d’argile qui l’attend dans le coffre de Mattieu. Alors est ce à lui : l’Auguste, modeste moine, qu’il revient de percer ce mystère ? De dénouer ce que les siècles, avec l’aide de Dieu ont tissé ?

L’instant d’après le voilà debout au milieu de la pièce pour penser.
Et si cette tablette provenait des murailles d’Ourouk ? N’était il pas dit que le briquetage en était fait d’argile cuite ? Et si Gilgamesh avait préféré noter sur une brique, brique parmi les briques, le secret de l’immortalité révélé par ses aïeux ? Et si cette brique avait voyagé jusqu’ici ? La tablette a été retrouvée dans les fondations du château et nul ne conteste que ce sommet sur lequel se dresse aujourd’hui le Haut-Koenigsbourg avait été bâti avant lui un castrum romain. Malgré l’extraordinaire de cette hypothèse, Auguste se convainc qu’un officier romain pouvait avoir rapporté de campagnes lointaines en Orient cette tablette d’argile indéchiffrable. Puis, suivant une autre affection pour une autre campagne l’opposant cette fois aux barbares du Rhin, le même officier ou soldat avait pu se retrouver ici, dans le castrum.
Peut être était-il alors vieillissant ? Ou bien avait-il voulu cacher son trésor ? Une attaque soudaine l’aurait elle contraint à l’enfouir ?

Qu’importe les circonstances exactes, frère Auguste tient son rôle ! Pour lui, la chose est entendue : Dieu tout puissant a fait, par miracle resurgir la précieuse tablette, afin que son savant enfant puisse par sa grâce la déchiffrer avant d’être béni par lui : il délivrera bientôt au monde ébahi le plus fabuleux secret des secrets recensés : celui qui révèle le mystère insensé : celui de la vie éternelle.
Amen.

chapitre trois
La tablette

Dès son réveil le lendemain, frère Auguste file chez Mattieu. Il est impatient de répondre à l’appel divin qui l’invite à révéler si fabuleux secret... Cependant pour que personne ne devine sa fièvre mystique il dissimule son trouble en exagérant son rhume. Sa face ronde et rouge est en sueur et ses gestes fébriles trahissent une intense émotion.

Mattieu l’accueille d’un regard noir.
La tablette a disparu.
Il vient tout juste de trouver son coffre ouvert, fracturé, vide de tout secret. Le choc est terrible pour Auguste. Son rêve de canonisation s’évanouit d’un geste brutal. Mais qui a bien pu faire cela, aussi proche de la chambre de Matthieu ?
Peut être est ce pour trouver réponse à cette question qui froisse son autorité, que Mattieu, dans une rage folle ordonne que lui soient presentés les hommes chargés du tour de garde - pourtant, comme propulsés par un démon les gardes se retrouvent avant même d’avoir pu émettre un son expulsés par la fenêtre au dehors. Dans un grondement dramatique, Mattieu promet le même sort au chevalier de Liepse, son lieutenant, s’il la tablette n’est pas retrouvée avant la nuit - quitte à remuer tout le château de fond en comble si nécessaire. Le sombre chevalier opine sans mot puis, affiche un sourire mauvais avant d’assurer à son maître que tout serait mis en œuvre pour se faire.

Quand à l’abbé, il se fait discret. Lorsque Auguste lui rend visite il le trouve distant et muet. D’une voix claire il explique que selon lui le mieux est d’attendre. Attendre les résultats de l’enquête entamée par le chevalier de Liepse. Et puis sur un ton plus bas il ajoute en guise de conseil au moine de laisser Mattieu et Liepse régler cette affaire là.

Tous les bâtiments sont mis sens dessus dessous. Les hommes du chevalier entrent partout, fouillent chaque pièce et chaque lit à grands renforts de cris et de coups. Certains artisans sont pris à partie sans preuve, quelques échoppes des remparts sont détruites sous le prétexte de cette traque absurde et leurs habitants sont chassés du château, sans procès ni ménagement. Dépossédées de leurs biens certaines familles se retrouvent dehors, contraintes à s’exiler sans que jamais ne soit trouvée trace de la tablette.

A en juger par le procédé et l’ambiance qui plane, Auguste estime que Mattieu profite de cette aubaine pour débarrasser son château de sujets moins dociles, les autres restant sans réaction. Le moine reste sur ses gardes et à l’écart. Il ne connait rien à l’histoire récente de ce château ni à ce qui se joue ici. En coursives pourtant, il poursuit son enquête dans la plus grande discrétion. Il apprend d’abord qu’un des gardes de la nuit n’est que blessé. Après sa chute, sa femme est parvenue à le récupérer et elle l’a conduit chez sa sœur pour le soigner en secret.
Avec les plus fines précautions Auguste se rend sur place et le questionne.
Bien sûr, ils ont dormi une grande partie de la nuit. Mais aucun d’entre eux n’a volé la tablette. Le garde jure que cela ne peut être - hormis Mattieu - que l’abbé ou l’un de ses novices qu’il a aperçu au matin. Dans l’escalier. Puis trop mal en point pour continuer le soldat doit s’interrompre. Auguste le remercie, l’absout une dernière fois avant de le laisser aux bons soins de ces deux femmes. Il s’éclipse et repart, sans être beaucoup plus avancé.

D’heure en heure, le climat dans le château devient de plus en plus lourd de menaces. Mattieu renforce son pouvoir par l’intermédiaire de son turbulent chevalier, et l’abbé laisse faire. Peut être existe-t-il un différent entre les deux hommes. En tout état de cause, le vol de la tablette semble être passé sur un plan secondaire, du moins en apparence.

Auguste persiste à essayer de comprendre. Il cherche à présent le novice, aperçu par le garde. A la messe puis au réfectoire il fait le compte des jeunes moines et en trouve cinq. Pas un ne lui semble inquiet, ni soucieux. Il peut discuter avec chacun et leur avis est identique à celui de leur supérieur : laisser faire Mattieu, laisser passer l’orage

Quand la nuit tombe sur le château, beaucoup restent terrorisés. Sans autre explication une purge a été effectuée, les indélicats ou les récalcitrantes ont été chassés - et si pas un geste de révolte ne s’est élevé, les murmures apeurés vont bon train à voix basse. De bouche à oreille on apprend que le chevalier de Liepse est convoqué chez Mattieu pour rapport.
Personne n’ose approcher. L’abbé lui-même reste de côté.
Auguste quand à lui passe la soirée dans sa cellule de moine, préfère rêver encore à la Mésopotamie plutôt que se laisser submerger par l’ambiance atroce du château.

Pourtant, le lendemain, le macabre s’invite et la situation s’aggrave. L’abbé a été retrouvé mort dans son lit.
Mattieu, Liepse et Auguste se trouvent tous trois dans la chambre pour constater le décès. En qualité de moine érudit Auguste entreprend une autopsie sauvage, aussitôt stoppée par Liepse. Tout ce qu’il a le temps de remarquer en l’espace d’un geste pour soulever le drap c’est la plaie : qui n’est pas une fente plate comme une lame en laisse, mais ronde ; et assez profonde pour que l’arme ait traversé le cou. Il remarque aussi que le meurtre a dû être rapide car aucune trace de lutte n’est visible ni sur l’abbé ni dans la pièce.
Mais quelle sorte d’arme est faite d’une lame conique ? Un mystère de plus...
Et toujours pas de tablette.

Malgré l’opacité et la soudaineté de l’événement Mattieu ne semble pas du tout inquiet. Il expose à qui veut l’entendre, par dessus le corps raide, que selon lui la tablette avait été dérobée par l’abbé. Il avait dû s’entendre avec un complice et c’est celui ci qui aura trahi sa confiance.
Bien entendu, ces explications simplistes semblent bien fantaisistes à Auguste, qui cependant n’insiste pas. Il trouve plus prudent d’organiser son retour vers Strasbourg. Sans canon ni tablette, mais la vie sauve.

Or Mattieu, à l’écoute de ce projet s’y oppose. Il jure que la tablette sera retrouvée. C’est une question de jours tout au plus, il affirme avoir une entière confiance en Liepse pour mettre la main dessus. Et punir le coupable.
Un instant, Auguste hésite à considérer cela comme une menace directe qui lui serait adressée, alors comme s’il saisissait l’insinuation dans sa phrase Mattieu ajoute en guise de précision que son aide sera déterminante pour déchiffrer le mystérieux message.
Auguste ne quitte plus sa chambre. Priant dieu de l’éclairer, partagé entre la déception et la crainte il passe ainsi les jours qui suivent, en ermite.

Et là alors il parcourt sa mémoire. Et il lui semble se souvenir que cette quête dans laquelle s’engageait Gilgamesh était vaine. Pourquoi les dieux auraient ils dévoilé un secret si dangereux ?
Il se rappelait ; était-ce Shamash ou la cabaretière qui l’avait prévenu en ces termes :

" Où cours tu Gilgamesh ?
La vie que tu cherches tu ne la trouveras pas.
Lorsque les dieux créèrent les hommes,
C’est la mort qu’ils leur destinèrent
Et ils ont gardé pour eux
La vie éternelle.
Mais toi Gilgamesh
Que sans cesse ton ventre soit repu
Soit joyeux nuit et jour
Danse et joue
Fais chaque jour de ta vie
Une fête de joie, de plaisirs
Que tes vêtements soient propres
Et somptueux
Lave ta tête et baigne toi
Encourage l’enfant qui te tient par la main
Réjouis l’épouse qui est dans tes bras
Voilà bien les seuls droits
Que possèdent les hommes."

Aujourd’hui, que ferait d’un tel secret un homme comme Mattieu ? Car il semble évident que la disparition de la tablette n’avait servi qu’à affermir son pouvoir et peut être à éliminer un rival. Si Mattieu est si sûr de retrouver la tablette c’est sans aucun doute qu’il ne l’a jamais perdue de vue. Bientôt Auguste sera forcé de livrer son message à cet être ambitieux et cupide.
Pourvu que ses espoirs de révélation divine n’aient pas été entendus ! Il regrette son orgueil et prie pour ne jamais réussir à déchiffrer cette écriture ancienne. Un instant il envisage de détruire la tablette si elle refait surface...

Ce qui ne tarde pas trop.

Un matin tôt, Mattieu convoque le moine. Il lui explique que la tablette a été retrouvée dans la chapelle : preuve indiscutable de la culpabilité de l’abbé. Bien entendu c’est le fidèle chevalier de Liepse qui grâce à sa persévérance avait remis la main sur le précieux objet. Maintenant, c’est à lui Auguste, saint homme érudit qu’il revient de la déchiffrer.
Mattieu l’installe dans une pièce contiguë à ses appartements pour suivre au plus près l’évolution de son travail. A chaque information nouvelle, Auguste a ordre d’en faire part et de lui expliquer ce dont il retourne. Liepse restera avec lui pour assurer sa sécurité et il veillera à ce qu’il ne manque de rien.
La mort dans l’âme Auguste s’exécute.

Il tente de souligner qu’il s’agit là d’une tâche ardue, qu’il est fort possible qu’aucun résultat probant n’émerge avant plusieurs jours, peut être plusieurs semaines. Mais Mattieu tient à son trésor. Il se déclare confiant et ajoute que trop de modestie diminue les qualités d’une grand homme. Après quoi, il referme la porte épaisse que Liepse vient vérouiller.

Impossible d’y échapper. Auguste caresse avec tendresse la tablette, du bout des doigts il suit le tracé régulier des coins dans l’argile. Il imagine quelqu’un, il y a plusieurs millénaires, penché comme lui l’est sur le texte. Peut être saura-t-il bientôt, en étudiant ces petits reliefs ce qui animait le scribe. Il imagine un peu de sa présence et il pourrait deviner ses pensées : cela l’émeut ; il prend ainsi conscience de la cohérence de l’humanité ; en se mettant à la place d’un être disparu depuis si longtemps il perçoit en lui toutes celles et tout ceux qui se sont succédés entre temps ; il comprend leurs joies et leurs cris ; il saisit leur vie et leur mémoire ; il entend leurs rêves et distingue un sens au temps.

Mais le métal frotte sur la muraille. Non loin, les cliquetis de la cotte de mailles du chevalier de Liepse brisent cette émotion particulière.
Résolu d’en finir vite, Auguste se plonge dans l’étude.

Pendant plusieurs jours il n’avance pas du tout et se contente de recopier les signes imprimés dans l’argile pour en comprendre la structure. Soit que son esprit refuse d’être complice, soit que la tâche dépasse ses compétences toujours est il que la tablette reste aussi mystérieuse que le jour de sa découverte par le Germain. Mattieu contient sa rage.
Il sait bien que sa seule chance de retrouver trace de ce trésor helvétique réside dans la tête du moine, il hésite donc à la trancher. Mais agacement, son impatience le rendent imprudent. Un soir, Auguste surprend une conversation entre le seigneur et son bras armé.

Le chevalier, dont les paroles énoncées avec force parviennent jusqu’au moine, semble exprimer à Mattieu des doutes quant à la réussite de leur plan. Il estime qu’évincer l’abbé pour garder le trésor était une erreur qui n’aide en rien à leur projet puisque la tablette reste indechiffrée. Il avoue de ces mots le crime et la machination. Mattieu le fait taire et le rassure : le moine restera ici le temps nécessaire - la tablette sera traduite et une fois ce dernier témoin éliminé ils auront leur trésor. Mattieu intime l’ordre à Liepse de prendre patience.

Pour Auguste s’en est trop.
Le moine disparaît pour rejoindre sa cellule. A présent il s’agit pour lui d’être habile s’il veut revoir Strasbourg et goûter encore au pain d’épices. En réalité, son travail avance. Depuis le matin il est sur une piste. Bien ténue il est vrai mais au tracé précis : une série de signes sur la tablette corresponde à des chiffres. Le premier signe de chaque ligne est à ce qui lui semble un nombre. Alors il ne serait pas question d’immortalité ni de carte au trésor. Mais plutôt de lot de marchandises. Ou de surface de terre. Se sachant condamné quelle que soit le résultat de son analyse, Auguste décide de bluffer. Son idée est de provoquer une réaction qu’il espère idiote de la part de si grossiers personnages.

Un moment plus tard il se trouve attablé avec ses hôtes, qui le pressent de livrer ses découvertes les plus récentes. Sans hésiter il commence à décrire la forme particulière du roseau utilisé et les subtilités du travail du scribe. Il explique l’alphabet et par quelles nuances subtiles il en distingue les lettres ... cet exposé capte d’abord toute l’attention des deux hommes qui écoutent, avant que le seigneur ne s’agace :

" Au but voyons ! Allez au but : qu’avez vous appris ?!"

Content de son effet, Auguste sent toute la violence contenue - il poursuit :

" Et bien certains signes correspondent à des chiffres ou des nombres, pas à des lettres." Il ajoute que les nombres utilisés peuvent aussi bien mesurer des surfaces que des volumes ou des quantités. Comptant des terres, de l’huile ou des brebis. Mattieu lui envisage des kilos. Des kilos d’or et d’argent. Cette annonce l’excite au plus haut point. Il est était sûr : le moine va réussir. Soudain volubile et comme possédé par son fantasme, Mattieu réclame du vin qu’il sert en abondance à son complice, tout en louant la perspicacité du bon Auguste.

Ce dernier fait bonne ripaille. Sans boire. Il se déclare confiant et jusqu’à la fin du repas il s’efforce de confirmer l’ambitieux dans ses rêves, à présent à peine retenus, de richesse fabuleuse. Néanmoins, il est si ouvertement hypocrite qu’il sent un instant le chevalier de Liepse, un peu plus fin, poser sur lui un regard de suspicion.
Il préfère donc prendre le large. Il salue les deux hommes, leur donne rendez vous le lendemain matin tôt puis il quitte la pièce, disparaît dans l’escalier en colimaçon qui conduit aux étages.

Il en monte quatre. Attend. Puis il redescend sans bruit, se glisse dans un recoin sombre et tend l’oreille. D’abord il n’entend que quelques tintements des chopes et des rires gras. Et puis une pause. Un conciliabule. Enfin, de violents élans de voix résonnent : la dispute éclate. En bas, les gardes ne semblent pas du tout pressés de réagir. Personne voudrait prendre le risque de s’immiscer dans telle rixe, même si beaucoup aimeraient crier pour encourager le combat comme l’avait fait jadis la population d’Ourouk.

Assez vite, un cri de rage se fait entendre. Suivi d’un choc sourd. Il serait temps d’agir. Auguste sort de sa cachette, et il file vers le bas chercher en renfort six gardes indécis, qu’il pousse dans l’escalier. En montant à leur suite, il égrène son chapelet - priant dieu que ce soit le chevalier, plus vaillant, qui ait survécu. En effet, ils le trouvent penché sur le coffre occupé à l’ouvrir.
Mattieu gît à terre le crâne coincé sous un buffet.

Les gardes hésitent encore, car en l’absence de Mattieu comme de l’abbé, l’autorité du château revient à Liepse. Mais c’est l’autorité qui perd son froid : sans réfléchir à tirer profit de la situation Liepse se jette sur les gardes. Il tente de fuir et c’est avec beaucoup de difficulté qu’ils parviennent à le ficeler.
Mattieu est bien mort. Auguste lui accorde un vague signe de croix. Son premier réflexe est d’ouvrir le coffre pour s’assurer de la présence de la tablette. Tout va bien, elle est là. Intacte.

Liepse est enfermé, Mattieu sera enterré. Auguste prend l’initiative d’écrire à Strasbourg pour y requérir conseil auprès de son prélat. En attendant, rien dans la vie du château n’est modifié. Un soulagement certain se lit sur les visages, quelques excommuniés de la récente purge reviennent dans leur maison. Le plus important reste de survivre, alors après de discrètes réjouissances et avec l’espoir incertain que leur prochain maître sera moins cruel, toutes et tous reprennent leurs activités.

Que tout ce remue ménage ait pu être provoqué par un morceau d’argile inquiète ces gens simples. On parle de mauvais oeil. De malédiction. Le moine est évité de chacun, nul n’ose même croiser son regard, personne ne vient plus lui parler. Les semaines qui suivent defilent donc dans une atmosphère étrange, qui mêle la joie de se trouver sans le joug des l’autorités séculaires et régaliennes, joie assombrie par l’ombre du secret contenu par la tablette.

Épilogue
Le mystère

Auguste reste à l’écart et étudie.
En quelques jours, son esprit libéré du complot retrouvé toutes son habileté. Peu à peu, grâce aux quelques ouvrages qu’il avait amené ainsi qu’à sa mémoire allégée les signes qu’il connaît maintenant par cœur prennent sens. Les pistes qu’il déroule concordent. Sur un rouleau de chanvre il inscrit la liste suivante :

40 tiges de l’est
130 ??? plaines du nord
3 étoiles du fleuve ???
12 de bois parfum

4 dagues dorées
1 pierre à tourner
80 bâtons à lancer
20 ??? de bronze

60 têtes à cornes
25 cruches assyriennes
70 os à ???
2 pierres taillées

4 hommes du sud
5 femmes du sud
3 femmes des montagnes
9 chiens loups

Le moine reste perplexe. Cela ne ressemble pas du tout à une carte au trésor non, mais plutôt à un inventaire. Un simple inventaire. Il réfléchit. Cette liste semble énumérer les biens d’un homme ou le contenu d’un chargement. Les têtes à cornes peuvent être des vaches ou des chèvres ; les dagues et les bâtons, des armes. Mais dans ce cas, ces hommes et ces femmes réduits à l’état de marchandises ne peuvent se comprendre que comme des esclaves.
Et cette tablette énigmatique censée révéler richesse ou sagesse ne décrit en réalité que l’état financier et mobilier d’un bourgeois de l’époque.

Auguste éclate de rire !
Ainsi, voilà donc la cause de toute cette farce ? Ils ont été bien idiots et lui le premier. Pas de révélation, nulle trace de Gilgamesh, pas de trésor fabuleux ni d’immortalité mystique. Le complot ridicule et cette ivresse de pouvoir apparaissent alors si futiles. La mort de l’abbé est une bavure maladroite et sa propre attitude un enfantillage.
Il décide de rentrer à Strasbourg.

En chemin, pour se préserver du gel, il boit à petites gorgées une eau de vie du pays. Il compte bien sur la clémence divine car c’est pour Le servir qu’il crapahute de cette façon par monts et par vaux, par grand froid.

" Malgré tout, mule mesquine, une dernière chose me tracasse. Je serais bien curieux de savoir avec quoi fut tué ce brave bougre d’abbé. Car c’est le seul mystère qui demeure. Une fantaisie de Liepse sans doute ? Une arme secrète... Il n’empêche : tout ceci est fort cocasse.
A coup sûr, cette histoire aurait plu au vieux maure. Il l’aurait amélioré, ajoutant là un rebondissements, ici un nouveau personnage. L’histoire aurait voyagé à dos de chameaux, suivant l’âtre. Histoire vivante capable de s’adapter au contexte et à l’humeur de l’auditoire.
Il arrive, mule mesquine, que les histoires se mêlent. Et s’epanouissent en échos mutuels pour se tenir compagnie - ou bien servir de prétexte. Je suppose que le vieux maure ne m’en voudra pas de raconter à ma manière ce que j’ai pu apprendre de lui. J’espère honorer sa mémoire.
Et tu vas devoir me supporter encore, chère mule, car je compte sillonner la campagne de façon à ce que nul n’ignore toute cette histoire tant je la trouve riche d’enseignements.

On saura ainsi dans le pays ce que cupidité et orgueil peuvent provoquer et l’Histoire, la grande, retiendra que ce n’est pas pour fixer des vers ni des louanges ni même quelque savoir secret ou extravagant que l’Homme inventaire l’écriture ; mais plutôt pour dresser la liste de ses biens : de ses troupeaux, de ses meubles, de ses femmes, de ses armes et de ses victoires, pour tenir au quotidien le compte de ses pillages et de ses marchandages."

FIN david vial

L’idée de récit est née je crois en 1996 après avoir visité le château du Haut Koenigsbourg et alors que j’étais en train de lire l’Epopée de Gilgamesh. Le premier jet et le plan du récit ont été posés à cette époque, l’histoire a été publié en 2003 - en livre papier - puis j’ai oublié ce texte dans un tiroir ; cette version de septembre 2025 est donc inédite sur les internets

 √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √

 √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √

 √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √

 √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √ √

Par curiosité, si vous voulez en savoir plus sur l’écriture cunéiforme, et sur la tablette d’argile de l’illustration :

Analyse Académique de l’Inscription Cunéiforme
.

Introduction

.

L’image fournie présente une reproduction d’une tablette ou d’un fragment d’inscription en écriture cunéiforme. Le cunéiforme, du latin cuneus (coin) et forma (forme), est l’un des plus anciens systèmes d’écriture connus, développé en Mésopotamie vers 3200 av. J.-C. [1]. Il se caractérise par des signes en forme de coins ou de clous, imprimés généralement sur des tablettes d’argile à l’aide d’un calame. Cette écriture a été utilisée pour transcrire diverses langues du Proche-Orient ancien, notamment le sumérien, l’akkadien (babylonien et assyrien), l’élamite, le hittite, et le hourrite [1].
L’objectif de cette analyse est d’examiner les caractéristiques visuelles de l’inscription présentée, de tenter d’identifier son origine potentielle et de préparer le terrain pour une éventuelle traduction, bien que la traduction précise d’un texte cunéiforme nécessite une expertise spécialisée en assyriologie ou en sumérologie, ainsi qu’une connaissance approfondie du contexte archéologique et linguistique de l’artefact original.
.

Examen Visuel de l’Inscription
L’inscription est divisée en quatre colonnes distinctes, suggérant une organisation textuelle typique des tablettes cunéiformes. Les signes sont clairement délimités et présentent une forme cunéiforme caractéristique, avec des traits horizontaux, verticaux et obliques se terminant en forme de coin. La qualité de la reproduction (dessin) est bonne, permettant une observation relativement claire des signes individuels.
.

Caractéristiques des Signes
Les signes observés semblent être un mélange de clous verticaux, horizontaux et obliques, ainsi que de combinaisons de ces éléments. Il est difficile, sans une connaissance approfondie des différentes phases de l’écriture cunéiforme et des répertoires de signes spécifiques à chaque langue, de déterminer avec certitude la langue ou la période exacte de cette inscription. Cependant, certaines observations peuvent être faites :
.

Complexité des signes : Certains signes sont relativement simples (quelques clous), tandis que d’autres sont plus complexes, composés de plusieurs éléments combinés. Cette complexité est typique des logogrammes (signes représentant un mot ou une idée) et des syllabogrammes (signes représentant une syllabe) utilisés dans le cunéiforme [1].
.

Répétition de motifs : On peut observer des motifs récurrents, notamment des groupes de trois clous verticaux ou horizontaux, qui sont des éléments de base fréquents dans de nombreux signes cunéiformes. Par exemple, le signe pour le nombre ’3’ ou des composants de signes plus complexes.
.

Orientation : Les signes sont orientés de manière à être lus de gauche à droite dans chaque colonne, et les colonnes se succèdent de gauche à droite, ce qui est la convention de lecture standard pour la plupart des textes cunéiformes après les premières phases archaïques [1].
Hypothèses sur la Langue et la Période
Sans un catalogue de signes comparatif et une expertise linguistique, il est impossible de donner une identification définitive. Cependant, l’apparence générale des signes, avec leur forme cunéiforme bien développée et leur organisation en colonnes, suggère une période post-archaïque, probablement du IIIe ou IIe millénaire av. J.-C., lorsque le cunéiforme était pleinement établi et largement utilisé. Les langues les plus probables pour une telle inscription seraient le sumérien ou l’akkadien, qui ont été les langues dominantes de la Mésopotamie pendant ces périodes [1].
.

Contexte et Nature Potentielle du Texte
Les tablettes cunéiformes couvraient une vaste gamme de sujets. Elles pouvaient être des textes administratifs (listes de biens, contrats, registres), des textes légaux (lois, jugements), des textes littéraires (mythes, épopées comme celle de Gilgamesh), des textes religieux (hymnes, prières), des textes scientifiques (astronomie, mathématiques, médecine), ou encore des correspondances [1].
.

L’organisation en colonnes et la densité des signes dans l’image suggèrent un texte continu plutôt qu’une simple liste ou un court label. Il pourrait s’agir d’un extrait d’un texte littéraire, d’un document légal ou administratif, ou d’une inscription commémorative. La nature exacte ne peut être déterminée sans une lecture et une traduction des signes.

.

Méthodologie de Traduction
La traduction du cunéiforme est un processus complexe qui implique plusieurs étapes :
Identification des signes : Chaque signe doit être identifié et comparé aux répertoires de signes connus (listes de signes, dictionnaires). Cela nécessite une connaissance des différentes valeurs phonétiques et logographiques que chaque signe peut avoir, qui varient selon la langue et la période.

Transliteration : Une fois les signes identifiés, ils sont translittérés en caractères latins. Cette étape permet de représenter les sons et les logogrammes du texte original de manière standardisée.

Analyse grammaticale et lexicale : Le texte translittéré est ensuite analysé grammaticalement (morphologie, syntaxe) et lexicalement (sens des mots) en utilisant des grammaires et des dictionnaires des langues concernées (sumérien, akkadien, etc.).

Traduction : Enfin, le texte est traduit dans une langue moderne, en tenant compte des nuances culturelles et contextuelles.
Pour l’inscription donnée, sans les outils et l’expertise nécessaires, une traduction précise est hors de portée. Cependant, une tentative de déchiffrement des signes les plus reconnaissables peut être faite pour donner une idée générale.
Références
[1]
.

Tentative de Traduction et Interprétation

L’identification précise des signes cunéiformes de l’image fournie est un défi majeur sans une expertise en assyriologie et l’accès à des répertoires de signes exhaustifs et contextuels. Les signes cunéiformes ont souvent des valeurs multiples (logographiques, syllabiques) qui dépendent du contexte linguistique et de la période historique. De plus, la qualité de la reproduction, bien que bonne, ne permet pas toujours de distinguer les subtilités de certains clous qui pourraient différencier des signes similaires.
Cependant, en comparant les signes visibles dans l’image avec des listes de signes cunéiformes akkadiens (orthographe néo-assyrienne) disponibles en ligne [2], il est possible de faire quelques observations et de tenter une identification préliminaire pour certains d’entre eux. Il est crucial de souligner que cette tentative est hautement spéculative et ne constitue en aucun cas une traduction académiquement validée.
.

Analyse Signe par Signe (Exemple)
En se basant sur la liste de symboles cunéiformes akkadiens de Mnamon [2], nous pouvons essayer d’identifier certains signes. Il est important de noter que de nombreux signes ont des formes très similaires et que leur identification exacte nécessiterait une analyse par un expert.
Par exemple, certains signes dans la première colonne ressemblent à des combinaisons de clous verticaux et horizontaux. Le signe qui ressemble à un "T" couché avec un clou vertical au milieu peut être le signe AN (ciel, dieu) ou DINGIR (dieu). D’autres signes avec des groupes de trois clous verticaux ou horizontaux sont très courants et peuvent représenter des nombres ou faire partie de syllabes complexes.
Sans une connaissance approfondie du contexte et de la langue spécifique (sumérien, akkadien, etc.), il est impossible de fournir une traduction fiable. Les "traducteurs cunéiformes" en ligne basés sur l’IA, bien qu’intéressants, sont souvent limités à des translittérations simplifiées ou à des correspondances de mots sans tenir compte de la complexité grammaticale et sémantique des langues anciennes [3, 4].
Limitations de la Traduction Automatisée
Les outils de traduction automatique pour le cunéiforme, même ceux basés sur l’IA, sont confrontés à des défis considérables :
Polysémie des signes : Un même signe peut avoir plusieurs lectures (logogramme, syllabogramme) et plusieurs significations.
Contextualisation : La signification exacte d’un mot ou d’une phrase dépend fortement du contexte grammatical, sémantique et culturel.
Variations dialectales et historiques : L’écriture cunéiforme a évolué sur des millénaires et a été utilisée pour différentes langues, chacune avec ses propres règles et variations.

.
État de conservation : Les tablettes sont souvent fragmentées ou endommagées, rendant la lecture difficile.
Par conséquent, toute traduction générée automatiquement doit être traitée avec une extrême prudence et ne peut remplacer l’analyse d’un assyriologue ou d’un sumérologue.

..

Conclusion sur la Traduction
Compte tenu des limitations, il n’est pas possible de fournir une traduction académique fiable de l’inscription à partir de l’image seule. Une analyse plus approfondie nécessiterait :
L’accès à l’artefact original ou à des photographies de très haute résolution.
L’identification de la langue et de la période exacte de l’inscription.
L’utilisation de répertoires de signes et de dictionnaires spécifiques à cette langue et période.
L’expertise d’un spécialiste en études cunéiformes.
Cependant, l’image représente clairement un exemple d’écriture cunéiforme, probablement akkadienne ou sumérienne, et témoigne de la richesse des systèmes d’écriture du Proche-Orient ancien.
Références
[1]

[2]
[3]
[4]
.

Conclusion Générale

.
L’inscription cunéiforme présentée dans l’image est un exemple fascinant de l’un des plus anciens systèmes d’écriture de l’humanité. Bien qu’une traduction précise et académiquement validée ne puisse être fournie sans une expertise spécialisée et des outils de recherche approfondis, l’analyse visuelle a permis de confirmer qu’il s’agit bien d’une écriture cunéiforme, probablement sumérienne ou akkadienne, datant potentiellement du IIIe ou IIe millénaire av. J.-C.
Les défis inhérents à la traduction du cunéiforme, tels que la polysémie des signes, la nécessité d’une contextualisation linguistique et historique rigoureuse, et les variations dialectales, soulignent l’importance de l’assyriologie et de la sumérologie en tant que disciplines scientifiques. Ces domaines d’étude sont essentiels pour déchiffrer et comprendre les civilisations anciennes du Proche-Orient, dont les écrits nous offrent un aperçu inestimable de leur histoire, de leur culture et de leur pensée.
Cette analyse met en lumière la complexité et la richesse de l’écriture cunéiforme, un système qui a servi de véhicule à la connaissance et à la communication pendant des millénaires, et dont l’étude continue de révéler de nouvelles facettes de notre passé commun.
Comparaison avec des Exemples Similaires de l’Époque
Pour contextualiser l’inscription fournie, il est utile de la comparer avec des exemples connus de tablettes cunéiformes sumériennes et akkadiennes des IIIe et IIe millénaires av. J.-C. Cette comparaison se concentrera sur la forme générale des tablettes, la disposition des signes, et la complexité graphique.
Forme et Disposition des Tablettes
Les tablettes cunéiformes varient considérablement en taille et en forme, allant de petites étiquettes à de grandes tablettes multi-colonnes. La plupart sont faites d’argile, mais des inscriptions ont également été trouvées sur de la pierre ou du métal. L’inscription fournie est une reproduction d’une tablette rectangulaire avec quatre colonnes de texte, ce qui est une forme courante pour les documents administratifs, légaux ou littéraires [1].
Tablettes sumériennes archaïques (fin IVe - début IIIe millénaire av. J.-C.) : Les premières tablettes sumériennes, comme celles trouvées à Uruk, présentent souvent des signes pictographiques ou logographiques plus figuratifs et moins stylisés que ceux de l’image fournie. L’écriture est souvent organisée en cases ou en lignes, mais la disposition en colonnes régulières est moins systématique au tout début. Les signes sont également moins
« cunéiformes » au sens strict, car les impressions ne sont pas encore aussi angulaires et en forme de coin [5].
Tablettes sumériennes et akkadiennes (IIIe millénaire av. J.-C.) : À partir du milieu du IIIe millénaire, l’écriture cunéiforme se standardise. Les signes deviennent plus abstraits et angulaires. Les tablettes administratives de la période d’Ur III, par exemple, sont souvent compactes, avec un texte dense et des colonnes bien définies. Les tablettes littéraires peuvent être plus grandes et présenter une calligraphie soignée. L’inscription fournie, avec ses colonnes distinctes et ses signes clairement cunéiformes, s’aligne bien avec les caractéristiques de cette période [6].
Tablettes paléo-babyloniennes et paléo-assyriennes (début IIe millénaire av. J.-C.) : Durant cette période, le cunéiforme atteint une grande sophistication. Les tablettes sont souvent de taille moyenne, avec une écriture élégante et des signes bien formés. Les textes juridiques, les lettres et les textes littéraires sont abondants. La clarté et la régularité des signes dans l’image fournie pourraient correspondre à cette période, où l’écriture était maîtrisée et standardisée [7].
Tablettes néo-assyriennes et néo-babyloniennes (Ier millénaire av. J.-C.) : À cette époque, l’écriture cunéiforme peut devenir très dense et parfois plus stylisée, avec une tendance à simplifier certains signes. Les bibliothèques, comme celle d’Assurbanipal à Ninive, contiennent des milliers de tablettes avec une grande variété de textes. La forme des signes dans l’image semble moins simplifiée que certains exemples tardifs, ce qui pourrait suggérer une période antérieure [8].
Complexité Graphique et Style
La complexité graphique des signes dans l’image fournie est modérée. On y voit des signes composés de plusieurs clous, mais aussi des signes plus simples. Le style est uniforme, ce qui suggère une main expérimentée ou une reproduction fidèle d’un original. La présence de quatre colonnes indique un texte d’une certaine longueur, probablement un document important ou un extrait d’une œuvre plus vaste.
Comparée aux images de tablettes réelles [9, 10, 11], l’inscription fournie présente une clarté et une régularité qui sont souvent le signe de textes bien conservés ou de reproductions soignées. Les signes sont distincts et ne montrent pas de dégradation significative, ce qui est rare pour des artefacts originaux.
Conclusion de la Comparaison
Sur la base de l’analyse visuelle et de la comparaison avec des exemples historiques, l’inscription fournie semble représenter un texte cunéiforme typique des périodes sumérienne tardive ou akkadienne, probablement du IIIe ou IIe millénaire av. J.-C. La disposition en colonnes et la forme des signes sont cohérentes avec les conventions scripturales de ces époques. Il est difficile de la comparer à un exemple spécifique sans connaître le contenu, mais elle s’intègre bien dans le corpus général des tablettes cunéiformes de cette période.
Références
[1]

[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]

[9] /home/ubuntu/upload/search_images/74XBpW9kT81R.jpg
[10] /home/ubuntu/upload/search_images/SXBy7jDrRRih.jpeg
[11] /home/ubuntu/upload/search_images/CpnU8SzJJgvE.jpg
..

Conclusion de la Comparaison

.

Sur la base de l’analyse visuelle et de la comparaison avec des exemples historiques, l’inscription fournie semble représenter un texte cunéiforme typique des périodes sumérienne tardive ou akkadienne, probablement du IIIe ou IIe millénaire av. J.-C. La disposition en colonnes et la forme des signes sont cohérentes avec les conventions scripturales de ces époques. Il est difficile de la comparer à un exemple spécifique sans connaître le contenu, mais elle s’intègre bien dans le corpus général des tablettes cunéiformes de cette période.
Références
[1]

[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]

[9] /home/ubuntu/upload/search_images/74XBpW9kT81R.jpg
[10] /home/ubuntu/upload/search_images/SXBy7jDrRRih.jpeg
[11] /home/ubuntu/upload/search_images/CpnU8SzJJgvE.jpg


Ce forum est fermé : vous pouvez encore consulter les discussions mais vous ne pouvez plus ni ouvrir un sujet ni répondre à un sujet.