librairiemobile

tu consommes - tu pilles la planète

Accueil > textes & archives > la ZAD est (aussi) en nous - 28 avril 2015

la ZAD est (aussi) en nous - 28 avril 2015

mardi 28 avril 2015, par dvial

La Z.A.D. comme Zone A Défendre comme terre à défendre ; or la Terre entière est à défendre donc nous sommes toutes et tous zadistes sur la Z.A.D.- Terre ainsi, la zad EST (belle et bien) partout

La Terre entière et la Vie qu’elle porte sont menacées. Les Zones A Défendre qui germent sur les Grands Projets Inutiles sont l’expression locale d’une lutte globale, une résistance au projet capitaliste productiviste.

Je ne sais pas de quelle planète viennent les hypocrites qui prétendent que la croissance est la solution miracle qui viendra résoudre les problèmes sociaux et environnementaux mais sur notre planète : la Terre, une économie basée sur une croissance infinie est une illusion criminelle. Le problème ne peut devenir solution même repeint en vert. Et le problème est bien la croissance comme modèle économique ultime et incontournable.

Plongeons dans les racines de notre civilisation malade :

Génèse 1.28 : dieu les bénit et dieu leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la Terre et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la Terre.

Voici en quelques lignes énoncées, le projet capitaliste productiviste qui s’ébauche : croissance de l’humanité au détriment de toute autre forme de vie sur la terre : elle-même assujettie … N’y a-t-il pas dans cette injonction ‘divine’ quelque chose qui vous glace ? Ces mots peuvent-ils justifier le pillage des ressources naturelles, la destruction de la faune et de la flore, l’élevage industriel, l’empoisonnement de l’air et de l’eau, la modification d’espèces vivantes, la stérilisation des sols, le déséquilibre de la biosphère et des conditions mêmes de la Vie sur la planète … ? Il faut croire que oui mais à quel moment un sursaut de conscience nous fera-t-il apparaître la folie furieuse que contient ce message ?

Il me semble que lorsque l’on entrevoit cette réalité singulière qui fait de nous les complices plus ou moins consentant-es d’un écocide (destruction totale d’un milieu naturel) on peut tout à coup ressentir à la fois une immense rage contre ce système qui s’alimente en détruisant la Vie et une profonde compassion pour cette Vie. Il se peut alors que l’on réoriente sa propre vie, que l’on quitte un travail ou que l’on refuse de travailler à une quelconque activité qui nuise de près ou de loin au vivant.

Immense rage et profonde compassion.

Alors, il arrive que tout émerveillé-es de redécouvrir l’usage de notre Temps des idées germent sous nos crânes hirsutes : cultiver des légumes propres en traction animale, abandonner sa voiture, rencontrer d’autres déserteurs et déserteuses du système et créer ensemble des collectifs, des coopératives, des jardins, des ateliers, des écoles … s’installer sur des terres et construire des maisons autonomes, des villages autogérés et pourquoi pas une nouvelle manière de vivre ensemble en équilibre et en symbiose avec les poissons de la mer, avec les oiseaux du ciel et avec tout animal qui se meut sur Terre.

Voilà ce qui se passe (entre autre) sur les ZAD. On y expérimente une vie débarrassée du mensonge de la croissance et de la domination qui va avec. Cela se passe aujourd’hui sur les ZAD, hier ailleurs ; et cette quête d’une autre façon d’envisager la vie est nécessaire. Les jeunes générations portent en elles le changement et c’est à la marge qu’elles l’inventent et l’expérimentent. Vouloir détruire les ZAD et les mouvements de fonds (écologiques et sociaux) qui tendent à s’y retrouver c’est chercher à détruire le creuset et la materia prima de la transformation.

Nul doute que celles et ceux qui servent et profitent du système écocide actuel font leur possible pour le maintenir en place. Si le mensonge et la fraude ne suffisent pas à décrédibiliser le changement, l’état et ses moyens de répression peuvent être mobilisés ; et si l’état ne peut agir faute de sortir du cadre démocratique, ici des milices syndicales, là-bas des armées privées peuvent être mobilisées.

Face à cela quelles énergies pouvons-nous réveiller ? Une immense rage et une profonde compassion.

Une autre manière de torpiller le changement consiste pour les dominants à inverser le sens du réel, retourner la réalité comme un gant pour faire prendre le haut pour le bas et la nuit pour le jour. Par exemple, monsieur Valls se rendant le 26 mars 2015 au congrès de la FNSEA ne demande pas aux agriculteurs d’utiliser moins de pesticides, herbicides et intrants pour ne plus empoisonner l’environnement, il ne les invite pas à revoir leurs méthodes de culture et d’élevage pour qu’elles soient plus respectueuses de la Vie, non, il leur dit fièrement cette chose incroyable : « Vous êtes les meilleurs écologistes de France » … Se vautrer ainsi dans une telle mauvaise foi dépasse l’entendement ; ce n’est même plus de la langue de bois c’est de la manipulation mentale. (si grossière qu’il est à la fois plaisant et écoeurant de voir ensuite Hollande se prendre les pieds dedans et en rajouter)

Alors peut-être que la toute première Zone A Défendre, la plus importante, la plus proche, la plus facile à occuper, la plus immense de tous les possibles qu’elle contient, la plus délicate aussi, la plus fragile, la plus improbable et pourtant la plus désirable se trouve … dans notre tête (et tout notre corps). Notre pensée, consciente et inconsciente, est à défendre car c’est grâce à elle, lorsqu’elle est libre et éveillée que nous pouvons comprendre et puis choisir. Comprendre que le système capitaliste productiviste est alimenté par notre temps de vie et notre énergie vitale et puis choisir de le déserter pour s’en libérer.