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Réflexions sur le temps, l’art et notre époque - publié en 2001

samedi 1er juin 2024, par dvial

Réflexions sur le temps, l’art et notre époque
David Vial

EAN13 9782951723795
ISBN 978-2-9517237-9-5
Éd. Key largo Date de publication 2001

Apprendre

Parfois, je n’ai pas envie de rester dans le monde, avec les autres. Je ne me sens pas de continuer à jouer ce qui me semble être joué. Alors je me retire et je retourne à la solitude. A la quiétude et la liberté aussi. Car quand je suis seul, je ne m’ennuie pas. Jamais.
Etre seul n’est pas quelque chose qui m’effraie. Pas au contraire non plus.
Quand je suis seul je lis, je mets la radio ou un disque, j’écris, je rêve, je fume, je regarde, j’écoute, je pense, je dors, j’assimile.
Et à chaque fois que je quitte momentanément le monde joué, ce que je vis me construit. Pas plus, pas seulement, mais me construit aussi.
Autour de moi, beaucoup de gens sont seuls. Mais ils n’ont pas l’air heureux de cette situation ils subissent cette solitude.
Certains sortent pour se rencontrer. Et là, entre eux, ils étalent leur malaise d’être seul. D’autres s’activent, pour que personne ne remarque leur malaise d’être seul. Ils chantent, dansent, boivent, fument, rient, parlent fort.
Au milieu de cette foule, j’ai parfois envie d’être à l’abri, je m’isole de quelques mètres et des regards, qui sonnent faux. Je deviens alors lointain, un peu absent.
Si je ne peux pas me recueillir tout en restant dans l’action, je bouge vers un lieu plus propice, généralement chez moi. Là, je suis seul et je vais mieux.
Qui peut nier que notre société est agressive ? Comment répondre à l’agression pour éviter d’être touché ?
Par l’agression ou par la protection. Qu’elle est la meilleure protection, plus efficace que tous les blindages ?
Le mouvement.
Dans le cas d’une agression ponctuelle, un seul mouvement ponctuel suffira. Mais dans le cas d’une agression constante, ou plutôt englobante, enrobante, diffuse, ténue, rarement violente mais toujours présente comme l’est l’agression de notre société, ce seul mouvement ne suffit pas.
Ou alors il s’agit d’être en éternel mouvement. Une continuité de mouvements ponctuels en réponse à un défilé d’agressions ponctuelles.
Cela use, cela demande beaucoup d’énergie. Alors pourquoi pas un refuge ? Un lieu hors du monde quoiqu’à l’intérieur du monde. Hermétique comme un sas, ou plutôt à étanchéité variable et que j’ai le loisir de faire varier.
Pour apprendre.
Le monde entre chez moi par la fenêtre, par la radio, par le téléphone, par les disques, par les livres, par les objets que j’ai choisis, qui ont un sens pour moi et meublent mon intérieur, il y entre enfin par mes amis, qui souhaitent partager leur vision du monde.
Je ne me construis pas seul, soit. Le monde me construit, et je me construis dans le monde.
Mais quand je suis seul, j’apprends, et je me construis aussi.

Comprendre

La voiture, la maison, la télé, le blouson, … sont ce que nous possédons, nos possessions, nos biens. Nous les avons durement acquis. Nous ne sommes pas prêts à les céder.
Pourtant, nous pouvons les posséder puis les perdre. Pourtant, les années les rendent obsolètes, inutiles. Pourtant, ils sont à l’origine des convoitises, des vols, des guerres, ils sont nos propriétés. Et force est de constater qu’ils ne sont pas ce qui nous appartient d’office, dès la naissance et pour toujours.
Seuls le corps et le temps répondent à cette contrainte particulière d’être ce que nous avons de plus cher, notre seule richesse réelle.
Le corps. NOTRE corps nous appartient. Le temps. NOTRE temps nous appartient.
Notre corps est limité, fini. C’est le contenant, le véhicule. A nous de le voir tel qu’il est, ici et maintenant.
Notre temps est illimité, infini. Car au-delà du notre propre, le temps passé (et son Histoire) nous appartient le temps futur (et son Histoire) nous appartient.
Pourtant, tout comme nous habitons notre corps, nous habitons notre temps, et le temps passé ne peut être qu’un souvenir, et le temps futur ne peut être qu’un rêve.
Tout comme notre corps ne doit pas être violé, notre temps ne doit pas être violé, ni volé.
Notre seule richesse est d’utiliser notre corps notre temps comme nous l’entendons.
Pourtant, je vois que le corps se vend et cela s’appelle prostitution. Pourtant, je vois que le temps se vend et cela s’appelle travail.
Depuis toujours, on nous explique que le corps est unique, fragile, beau, qu’il doit être entretenu, nourri maintenu en bonne santé, sain.
Alors depuis toujours on s’applique à le satisfaire, en le gavant de mets délicats, en le maintenant en forme, coûte que coûte, jusqu’au bout.
On le déguise de tissus riches et modes, on le transporte dans des engins sales, on le fait vibrer un instant, en l’unissant à un autre.
Cela nous semble très important et nous y consacrons tout notre temps. Du temps pour se déguiser, du temps pour s’exposer, du temps pour convaincre et séduire, du temps pour plaire et vaincre, du temps, somme toute, pour finalement jouir.
Que le corps vibre ! Du temps aussi, et surtout, pour travailler et dormir. Travailler, travailler à jouir, puis jouir, puis dormir. Notre temps passe.
A travailler pour jouir pour dormir, pour travailler pour jouir pour dormir, pour travailler pour jouir pour dormir, pour travailler pour jouir pour dormir, pour …
Si donc, le corps se vend, c’est mal. On plaint celles qui vendent leur corps et ainsi évitent de travailler, travailler à jouir. Et donc, le temps que l’on vend, c’est bien. Je vends mon temps à un autre qui l’occupera à ma place !
Bien sûr, si je vends mon temps, je vends mon corps. Car je SUIS cela : un corps dans le temps.
Mais le corps vendu comme cela, c’est bien. Car c’est le corps capable de faire, d’agir, de produire que je vends. Et produire, c’est bien.
Mais une fois que j’ai passé mon temps à produire pour un autre, que me reste-t-il ? Que reste-t-il de moi ? Le smic ou une somme d’argent variable suivant la quantité ( hebdomadaire ) de temps vendu. et la qualité ( le savoir-faire ) du corps vendu.
Et cet argent bien sûr est nécessaire, où ai-je la tête ? Car c’est lui qui nous permet de jouir. On peut grâce à lui se nourrir, se vêtir, se loger, se distraire, se déplacer, se montrer et même acheter des corps.

- Peut-on aussi acheter du temps ?
- Le temps des autres oui. On ne peut pas acheter plus de temps pour soi. Mais en achetant celui des autres, on évite de vendre le sien.
- Et toi, est-ce que tu travailles ? Non.
- Et que fais-tu de tout ton temps ?
- Des choses invraisemblables, comme écrire ces fables.

Surprendre

Les nobles ont contrôlé le monde. Les nobles ne travaillaient pas, ils avaient du temps. Leur temps. Du temps pour étudier, penser, comprendre le monde. Ils faisaient travailler le peuple, et récoltaient les richesses dont ils jouissaient avec indécence.
Puis il y eut la révolution.
Depuis, ce sont les bourgeois qui contrôlent le monde. Les bourgeois ne travaillent pas, ils font travailler les autres. Ils ont donc du temps. Leur temps. Du temps pour étudier, penser, comprendre le monde. Mais ils ne le font pas. Ils préfèrent jouir. Consommer.
Ils font travailler des individus. Ils achètent leur temps. Et en échange, leur cèdent un peu d’argent. Pour que eux aussi jouissent, un petit peu.
Aujourd’hui, certains individus rêvent de révolution. Pour avoir plus de richesses, pour jouir plus. Car dans notre monde, seul importe de jouir, de consommer.
Etudier, penser, comprendre le monde n’est pas à la mode. C’est ringard.
Pourtant, la seule révolution valable serait celle qui permettrait à chaque individu de se réaccaparer le temps, son temps.
Or la plupart des individus, quand ils ont du temps ont peur. Peur du vide, peur de l’ennui. Cette révolution, qui viserait à gagner son temps, plus de temps, ne peut être un phénomène de masse. Car il ne s’agit pas de se rassembler pour mettre la main sur les richesses, pour les partager et en jouir, jouir ensemble. Il s’agit de comprendre individuellement que le temps, notre temps, nous appartient.
Il s’agit de le considérer comme une richesse, et non plus comme une épreuve terrible, un vide à combler, vite ! en jouissant.
Il s’agit de l’utiliser à rêver, à penser, à regarder, à écouter, à chercher, à comprendre, à entreprendre de se connaître soi, à apprendre à connaître les autres, pour assimiler le monde.
Nous ne pourrons pas tous jouir comme jouissent aujourd’hui ceux qui ont le pouvoir et que nous dénonçons. Nous ne pouvons réclamer l’égalité de consommation. Une maison par individu. Une voiture par individu. Une télé par individu. Un lave vaisselle par individu. Un tour du monde par individu. Une montre en or par individu.
C’est absurde. Et égoïste.
Car cela veut dire plus de production, donc plus de pollution. Or notre monde ne pourra supporter plus d’agressions pour que plus d’individus jouissent.
L’Humain ne pense qu’à ça. Quelle que soit la forme que prenne cette idée fixe, il a plié le monde à ses désirs. Désirs caprices. Désirs égoïstes.
Mais le monde n’est pas un roseau. A force de plier, il va craquer.

4 éléments de réflexion

Notre temps nous appartient, il est notre unique bien. A chacun de nous de l’occuper au mieux.
On dit qu’il y a un temps pour tout : pour le repos et l’activité, pour la joie et la colère, pour le rêve et la réalité.
Aujourd’hui, nous avons soit plus de temps, soit plus le temps. Soit inactif, soit surbooké.
Les surbookés circulent vite et consomment, les autres redécouvrent leur temps.
De gré ou de force, ils vivent une aventure, car c’est une aventure.
Et quelle qu’en soit la trame, quelle qu’en soit la matière, noble ou brute, certains trouvent une façon de la travailler.
Ils passent leur temps à travailler le monde. Puis ils nous offrent le résultat. Comme un don ou une proposition, ils nous montrent leur monde. Notre monde.
Et pour créer, ces aventuriers ont besoin de quatre éléments :

du temps de l’énergie de la matière de l’espace

Le temps, nous l’avons. Parce que nous sommes chômeurs ou rmistes, parce que la précarité ne nous satisfait pas. Du temps, nous en avons à revendre. Du temps passé à tenir les murs des cités, à courir de mission locale en centre social. Du temps passé à s’émerveiller de tout ce qu’on ne peut pas consommer. Du temps passé à observer le monde et les gens, jusqu’à ne plus être sûr de partager la même réalité.

La matière est disponible. Car il y a tout ce qui existe déjà, et qui n’est pas ou plus utilisé. Et si l’on considère les cadences de production : toujours plus, et la qualité des produits : toujours moins, on constate que l’art-récup a de l’avenir : des tonnes de matières recyclables en perspective.

L’énergie, nous l’avons. Nous en sommes remplis, et même elle déborde. Un rien peut la libérer, car elle n’attend que cela. Etre sollicitée, être utilisée. Mais qui sollicite notre énergie ? Certains en sont tellement pleins, qu’ils l’endorment pour ne pas qu’elle éclate. Cette situation n’est elle pas stupéfiante, absurde, inadmissible, dangereuse ? L’énergie met en mouvement. Mouvements artistiques, ludiques, épiques, agitations sporadiques, critiques, tout pour brûler l’énergie.

L’espace, nous l’occupons, nous qui avons choisi d’utiliser notre énergie et notre temps à travailler la matière. La pierre ou l’argile, le métal ou le verre, le corps ou la voix, le son ou la lumière, peu importe ! Nous sommes liés par un désir commun de communiquer au monde ce qu’il nous inspire. De la manière que l’on veut. Et cela doit se faire dans un cadre, un lieu qui nous isole ponctuellement de la réalité englobante. Un endroit où poser nos outils, notre matière. Un endroit où nous sommes libres d’exprimer ce que nous sommes. Un endroit pour concrétiser, pour construire des décors, pour monter des spectacles, pour préparer des expositions, pour développer des photos, pour fabriquer des costumes, pour jongler, pour danser, pour chanter et jouer, pour filmer et écrire, pour sculpter, pour peindre, pour penser, pour enseigner, pour argumenter, pour informer, pour comprendre, pour chercher, pour imaginer, pour rêver.

La chronique qui suit relate de façon subjective l’occupation des locaux de l’ENSAT à Toulouse, par un collectif d’artistes en quête d’un lieu où travailler. Joël est le président de l’association Mix art Myrys, initiatrice de cette action. nova express est une association amie, composée elle aussi d’artistes plasticiens sans atelier.

Chronique d’une occupation annoncée

Jeudi 1er Avril 1999. 00h05.

Veillée d’arme pour un état de siège. Artistique, ludique, pratique. Il fait beau, les étoiles brillent. Demain, premier lever aux aurores depuis bien longtemps. Le corps est las, l’esprit déterminé. A s’amuser d’abord. Comme quand on était gamins. Un lieu, un espace. La cabane. A nous. Quelle responsabilité, que de possibilités, de variantes à imaginer. On espère être tranquilles pour réfléchir et créer. Pas de casques, pas de bottes : il y a le Kossovo pour ça aujourd’hui. On s’installe. Et on déballe. Attention, pas de la camelote, pas du stuc, pas du toc. Des trucs qui changent l’espace et le temps, ici et maintenant.

Jeudi 1er Avril. 7h25.

Coup de fil de Joël, tuyau sur l’adresse, en route dans les artères matinales. 145, avenue de Muret : c’est là qu’on va. Jeudi 1er Avril. environ treize heures.
ça y est. Nous sommes installés. Parachute et techno, douillet, moquette et fumée : l’ambiance est posée. Pour nova express, 4 pièces. Un appart confortable. Grandes fenêtres, espaces intimes. Ce sera donc une pièce expo-salon et trois ateliers en enfilade. Déjà, Kit Shette, Manu, Olivier et Brahim proposent un univers. On n’attend plus que le public. Ou les farces de l’ordre. Pourtant, tout est en ordre ici. Cohérent, disposé. Pas besoin de venir y foutre la zone.

Jeudi 1er Avril. environ seize heures.

Sortie de réunion extraordinaire. Un point. Faisons le point. Apparemment, ça craint. Un tableau, une certaine croûte, a disparue. Là où viennent des peintres, un tableau est volé ! A moins que ce ne soient quelques traîtres, ou bien d’anciens élèves. Bref, Hercule Poirot, à moi Sherlock Holmes … Toujours est-il qu’un huissier sec et bien huilé vient faire un constat d’effraction et de détérioration de matériel, ce que je démens ici. Des gens passent, discutent, demandent. Beaucoup de gens.

Vendredi 2 Avril. 9h30.

Beaucoup de jeunes. 600 personnes au minimum, toutes souriantes, décontractées, aimables et curieuses sont venues faire la fête. Nous sommes fatigués mais heureux et sûrs, au fond, de bien faire. Il n’y a eu aucun problème, aucun raté, aucun dérapage. L’ambiance est bonne, Le climat presque sérieux entre nous.
Réveil inquiet vers six heures. Pas de mouvements suspects, pas de bottes ni de casques. Il y a le Kossovo pour ça aujourd’hui. En revanche, on sait maintenant que le lieu n’est pas à tous, pas à nous via l’état. Il est privé et réservé. Donc nous sommes là provisoirement ; pour montrer ce dont nous sommes capables. Trois jours pour faire nos preuves. ça va être dur. Fatiguant. Mais l’aventure est excitante, stimulante. Et la lutte est juste et nécessaire. Pour avancer. Nous avançons et créons un courant. Sur notre passage, à nos côtés, tout tourbillonne et s’anime.
En route vers plus de complexité aussi. Des structures pour lier, pas pour limiter. Des causes communes et des rapports justes, sont nécessaires et suffisants pour se mettre en mouvement ensemble.

La vie commença par isoler l’ADN du milieu aqueux, ambiant, englobant : la soupe primordiale. Nous devons nous mêmes isoler nos rêves du milieu ambiant, englobant. Pour les ajuster, les disposer, les agencer dans un rythme commun original. Pas de règles, pas de limites, pas d’interdits : cela nécessite beaucoup de maturité, de responsabilité de la part de chaque individu. Or je vois, je constate et m’en épate, que nous ne sommes pas aptes d’office. Cela demande peu d’attention pendant longtemps ou plus d’attention en peu de temps. Ces expériences de la vie sont liées à l’aventure assimilée. D’abord se prendre en charge. Prendre conscience et être responsable de toutes les consé­quences de tous ses actes et paroles. A l’infini.

Ce lieu est comme un monde. Il prédispose à la vision d’ensemble. Plus d’épiphénomènes ponctuels et difficiles à appréhender, à maîtriser. Mais plutôt une variété, une déclinaison de phénomènes répondant à un modèle commun cohérent. Un scénario précis pour mille histoires différentes.

Mercredi 7 Avril. 14h

Le temps passe à une vitesse folle et la nuit est une femme à barbe. Maintenant, l’orage éclate, il grêle, il tonne. On est loin de l’excitation et de la satisfaction de dimanche dernier au soleil. A côté, Blaise crie.
Reprenons : Le premier soir, le public était donc jeune, étudiant et curieux. Le deuxième soir fut plus électrique. Par la musique, par le public, par l’ambiance. Les demandes d’ateliers affluent, les visiteurs sont ravis, les soutiens sont nombreux, les finances positives, l’équipe enthousiaste, le lieu respecté. Je me demandais jusqu’à présent ce que les autorités pourraient nous reprocher. Aujourd’hui je le sais. Ce matin, au tribunal, le juge a expliqué que son rôle était d’appliquer la Loi. Et la Loi est contre nous car nous ne sommes pas chez nous. Nous occupons des bâtiments qui appartiennent à quelqu’un : un sigle, l’INP. Et la propriété est sacrée.

Nous, nous revendiquions le contraire. Nous estimons que ce qui est à l’état est à nous puisque l’état, c’est nous. Et en investissant L’ENSAT, nous pensions être chez nous. Mais ce n’est pas le cas, nous sommes chez INP. La question de la propriété surgit aussi du public. La plupart des mécontents nous reprochaient qu’il y ait une heure de fermeture, comme une boîte ou un club. Ils se voyaient déjà chez eux. Chez tous donc chez eux. Difficile de leur expliquer que nous ne fermions pas la porte pour rester chez nous, pour nous retrouver entre nous. Nous souhaitions fermer pour dormir, puis ranger, nettoyer et tout préparer pour qu’ils reviennent le lendemain soir, frais et pleins d’énergie, pour faire la fête.

Entre nous, la question se posa, comme préambule à tout début de création. Qui s’installe où ? Et d’abord, qui s’installe ? Car nombreux sont ceux qui ont peur d’installer les ateliers, les décors, les outils. Peur de commencer, de donner un peu car c’est vrai que l’on risque de tout perdre vite, dans de mauvaises conditions, dans l’urgence. Ensuite, pour ceux qui s’installent, la crainte devient de perdre sa matière ou ses outils. Pourtant, il me semblait acquis qu’il s’agit de venir ici avec son pinceau, sa toile, sa peinture et son inspiration. Tout cela est très personnel. Unique et varié. Nous sommes ici, car ici il y a l’espace. Si pour créer, il faut de la matière, du temps, de l’énergie et de l’espace, l’ENSAT nous apporte l’espace. C’est bien le cadre, la membrane qui nous isole du milieu ambiant, englobant

. Pour la matière, il faut soit des tunes, soit se satisfaire de récupération.
. Pour le temps, nous sommes de plus en plus nombreux à en avoir et à l’occuper à chercher.
. L’énergie est variable et relative, elle nous est propre.

Ainsi, des individus autonomes et responsables, sont invités à venir travailler à chercher dans un lieu dit ‘’Myrys’’. Ce sera pour eux l’occasion de rencontres et d’échanges, d’expériences et d’études qui peut-être leur seront utiles dans leur quête. Le tout est de savoir recevoir et offrir, écouter et expliquer, être attentif, éveillé. Mais tout ça, c’est des mots. Des idées posées. Une vision d’ensemble de la vie de groupe. Une idée abstraite qui souhaite être pratique. Or les tensions humaines reposent sur des quiproquos, des malentendus, des imbroglios qui échappent à l’analyse.

Le cadre devra donc être souple et ajustable, perméable.

note : Au bout de douze jours d’occupation pacifique, les participants sont invités à quitter les lieux. La loi doit être appliquée, et le bâtiment doit revenir à son propriétaire : l’INP. Au bout de quelques semaines, l’ensemble du site est rasé, laissant place à un terrain vague…

Un an plus tard, le 11 Avril 2ooo,

le même collectif investit à nouveau des bâtiments vides. Cette fois-ci, les lieux appartiennent à la mairie de Toulouse. Par cette action largement soutenue par le public toulousain, l’association Mix Arts Myrys démontre la légitimité de sa principale revendication : l’existence, en centre ville, d’ateliers de création ouverts à tous. Pourtant, le maire reste sourd et en appelle à la justice. Une fois de plus, la loi devra être appliquée et la mairie récupérera son bien.

Mais avant de faire place nette, l’association aura provoqué une table ronde réunissant pour la première fois Mr Izard, président du conseil général, Mr Malvy, président du conseil régional, Mr Baudis, maire de Toulouse et Mr Lagrange, directeur de la DRAC. Enfin le projet porté par Mix Arts Myrys depuis 1997 est lu et discuté. A l’issue de cette rencontre, et après plusieurs interventions diplomatiques du préfet, les différents protagonistes se mettent d’accord : ce projet sera inscrit dans le prochain contrat ville – état. D’ici là, une solution transitoire est envisagée pour reloger les artistes. Cette victoire pose de nombreuses questions. Pourquoi faut-il se mettre dans l’illégalité pour être entendu par les autorités ? Est-ce le rôle des artistes de montrer au politique que la société change, que les citoyens sont curieux de ce qui se fait dans leur ville en matière de création ? Qu’est-ce que l’art ? Est-il figé : contemporain et déjà au musée ? Dans quelle mesure reste-t-il dans notre monde une place pour faire ce qui ne se fait pas ?

Le texte qui suit a été écrit à l’issue de cette deuxième occupation, en guise de conclusion.

L’humanité n’a pas disparu, y en a un bout près de chez vous.

Lorsque, il y a près d’un mois, nous avons investi les locaux municipaux de la rue du château d’eau, nous étions des squatters irrespectueux et insolents ; des asociaux incapables de participer au grand théâtre du monde, au mieux des rêveurs croyant le refaire, ce monde, en chanson. En tout état de cause, des personnes peu dignes de confiance, des gens pas sérieux. Ce sont pourtant ces mêmes personnes qui en vingt jours ont accueilli dix-neuf formations musicales éclectiques et onze sets de musique électronique, ont exposé vingt-huit plasticiens, sculpteurs et photographes, ont présenté deux spectacles de cirque et un spectacle pour enfants, sont allés dans la rue à deux reprises pour travailler et offrir aux yeux qui passent ce que leurs mains fabriquent. Car ces gens hors normes, décalés ou exclus sont des artistes. Tous ici ont choisi d’utiliser leur temps et leur énergie à mélanger ou découper, à lisser, à graver, à chanter ou à jouer, à composer et à imaginer. Et comment peut-on être sérieux quand on passe son temps à de telles futilités ?

Aujourd’hui, nous avons démontré que l’originalité, la fantaisie et le rêve ne sont pas incompatibles avec le respect, la responsa­bilité et l’efficacité ; nous en sommes capables, mais avons pris le parti d’utiliser nos compétences à d’autres fins que le profit. C’est pour cela que nous sommes suspects. Comme si l’on nous reprochait de ne rien apporter à la société, rien de tangible, de concret. L’artiste ne produit rien : il n’est guère utile car on ne mange pas de pierres, fussent-elles sculptées. Je pense que cette idée est contraire au principe même de ce qui différencie l’animal-consommateur de l’humain-créateur, elle dénie cinquante mille ans de culture humaine. Ne nous y trompons pas : nous sommes au service de tous car la culture est un bien propre à l’humain, et notre seule revendication, notre seul souhait est de pouvoir travailler en paix pour ensuite proposer à tous de goûter aux fruits de notre imagination.

Après une première occupation : l’ENSAT en avril 1999, puis cette deuxième occupation rue du Château d’eau en mai 2ooo, le collectif Mix Arts myrys dû retourner dans le dernier bâtiment de l’usine désaffectée qui l’avait vu naître, à St Cyprien. Tenant leurs engagements avec le propriétaire, quand le lieu fut vendu, quand l’horizon d’en face fut bouché par une résidence en fausses briquettes roses, les artistes firent leurs cartons. Et loin de se sentir diminués, pleins d’audace et de foi, conscients qu’ils jouaient là leur dernière carte ils ouvrirent et s’installèrent rue de Metz, en plein centre ville dans les locaux vacants depuis un an de l’ancienne préfecture de la Haute-Garonne. A la limite du coup d’état artistique, ce geste symbolique fut applaudi par le public.

En février 2oo1, quelques semaines avant les élections municipales, les artistes et leur attirail mirent les pieds dans le plat. Devant le soutien massif de la population, les autorités firent profil bas pendant que les différents candidats venaient draguer dans les couloirs un éventuel soutien en échange d’une éventuelle promesse. Mais les jeux étaient déjà fait. La liste motivé-e-s naissait tout juste et les relations qui existaient déjà entre elle et les mouvements militants de la ville fit pencher la balance à gauche, toute. Hélas, mille fois hélas, Monsieur Simon, candidat P.S., malgré une large alliance de la gauche contre le parachutage arriviste d’un Douste blasé par l’accueil qui lui fut fait, ne parvint pas à porter jusqu’au Capitole les espoirs d’une génération enthousiaste. Les Motivé-e-s entrèrent tout de même au conseil municipal, et les rencontres et discussions qui eurent lieu durant cette période permirent à un réseau dense et solidaire de se constituer à Toulouse.

Un réseau d’associations, d’acteurs culturels, d’artistes et de bénévoles, de libres penseurs et d’habitués des luttes, d’amis de la Terre et de squatteureux-ses. Aujourd’hui, début octobre 2oo1, ce réseau se mobilise, s’élargit et se consolide, à myrys, les portes vont rouvrir pour de nouveaux spectacles, expos et performances.
Pour ma part, je voudrais m’adresser à ceux qui firent la révolution en 68. A ceux qui, il y a trente ans, ont pris le pouvoir des images et des médias. A ceux qui sont passé de l’amour libre au libre échange. Ils sont nombreux à avoir cinquante ans, à avoir trahi leurs idéaux de paix et d’altruisme pour manigancer un monde occidental arrogant et hypocrite.
A bon entendeur, salut !

Salut à toi !
En mai 68, tu criais : « Vivre sans temps mort et jouir sans entrave » Aujourd’hui tu consommes toujours plus pour masquer ton ennui. Aujourd’hui tu fabriques des pilules pour bander.
En mai 68, tu criais : « Elections, pièges à cons » Aujourd’hui tu te présentes et plus personne ne vote.
En mai 68, tu criais : « CRS = SS » Aujourd’hui tu doubles leurs effectifs pour protéger ton pavillon. En mai 68, tu criais : « Les murs ont des oreilles, vos oreilles ont des murs » Aujourd’hui tu balises la ville de caméras et tu blindes ta citadelle.
En mai 68, tu criais : « le rêve est réalité » Aujourd’hui la réalité dépasse la fiction, l’hypocrisie règne.
En mai 68, tu criais : « la liberté c’est le droit au silence » Aujourd’hui tu bâillonnes tes détracteurs.
En mai 68, tu criais : « l’imagination au pouvoir » Aujourd’hui c’est Hollywood qui gouverne.
En mai 68, tu criais : « ne vous emmerdez plus ! emmerdez les autres ! » Aujourd’hui tu nous emmerdes.
En mai 68, tu criais : « J’ai quelque chose à dire mais je ne sais pas quoi » Aujourd’hui tu ferais mieux de te taire.
En mai 68, tu criais : « la culture c’est l’inversion de la vie » Aujourd’hui la culture est moribonde.
En mai 68, tu criais : « tout pouvoir abuse, le pouvoir absolu abuse absolument » Aujourd’hui tu abuses du pouvoir et cumules les mandats. En mai 68, tu criais : « sous les pavés, la plage » Aujourd’hui tu as recouvert la plage de béton.
En mai 68, tu criais : « j’emmerde la société, et elle me le rend bien » Aujourd’hui tu méprises la société et elle te le rend bien.
En mai 68, tu criais : « le sacré : voilà l’ennemi » Aujourd’hui tu idolâtres ton image.
En mai 68, tu criais : « je décrète l’état de bonheur permanent » Aujourd’hui tu imposes l’état de bonheur obligatoire.
En mai 68, tu criais : « ne prenez plus l’ascenseur, prenez le pouvoir » Aujourd’hui tu as le pouvoir par renvoi d’ascenseur.
En mai 68, tu criais : « inventez de nouvelles perversions sexuelles » Aujourd’hui tu juges tes pédophiles.
En mai 68, tu criais : « à bas le sommaire, vive l’éphémère » Aujourd’hui tu suis la mode.
En mai 68, tu criais : « je ne suis au service de personne » Aujourd’hui, tu veux que tout le monde soit à ton service.
En mai 68, tu criais : « l’insolence est la nouvelle arme révolutionnaire » Aujourd’hui, tu pratiques la langue de bois.
En mai 68, tu criais : « vous finirez tous par crever du confort » Aujourd’hui c’est pour ton confort que la planète crève.
En mai 68, tu criais : « à bas les journalistes et ceux qui veulent les ménager » Aujourd’hui, tu es journaliste ou participes au manège.
En mai 68, tu criais : « l’intox vient à domicile » Aujourd’hui, tu fais de la télé. En mai 68, tu criais : « le n’importe quoi érigé en système » Aujourd’hui, tu dois l’assumer.
En mai 68, tu criais : « soyez réalistes, demandez l’impossible » Aujourd’hui, tu ne veux plus mourir.
En mai 68, tu criais : « ni dieu ni maître » Aujourd’hui tu es seul.
En mai 68, tu criais : « le respect se perd, n’allez pas le rechercher » Aujourd’hui, tu t’étonnes du manque de respect.
En mai 68, tu criais : « vous aussi vous pouvez voler » Aujourd’hui, tu es mis en examen.
En mai 68, tu criais : « je rêve d’être un imbécile heureux » Aujourd’hui, tu commentes loft story.
En mai 68, tu criais : « je prends mes désirs pour la réalité car je crois en la réalité » Aujourd’hui, tu fantasmes et manipules la réalité.
En mai 68, tu criais : « si vous continuez à faire chier le monde, le monde va répliquer énergiquement »

STOP CONSOMMATION

range ta planète range ta tête punk is not dead (I hope)
sources : ‘ Interdit d’interdire : les murs de mai 68 ’ éditions L’esprit frappeur n°16.

Génération consciente

Selon une coutume ancestrale depuis l’ère préhistorique, l’humanité évolue par génération. Qu’ils soient organisés en tribu, en royaume ou en société, les humains s’efforcent de progresser pour transmettre un monde meilleur à la génération suivante, qui à son tour l’améliore pour le transmettre à la génération suivante, qui à son tour l’améliore pour le transmettre à la génération suivante. Ainsi au fil des siècles l’animal s’humanise, laissant derrière lui ses peurs de la nuit, de l’autre et de la mort. Peu à peu, c’est grâce à quelques esprits singuliers qu’une tranche d’âge grimpe d’un palier puis se sachant mortelle, elle passe le relais aux plus courageux et aux plus sages de la génération qui suit. Aujourd’hui, approchant la trentaine, je me prépare à recevoir le témoin. Et je m’inquiète. Quel est donc ce monde que vous nous laissez ?

Vous prétendez avoir fait la révolution en 68, peut-être avez-vous escaladé trop de marches d’un coup. Nous sommes des êtres, vivant sur une planète appelée Terre. Aujourd’hui son écosystème est menacé. En puisant tant de ressources, en produisant tant de déchets, vous avez troublé l’équilibre fragile qui réglait le cycle du carbone. Ainsi, les courants d’air et d’eau sur la planète s’en trouvent modifiés : cela provoque des sautes d’humeur dans les climats. En recombinant les génomes, vous avez manipulé la vie pour créer de nouvelles espèces végétales et animales. Puis vous avez donné des porcs à manger aux vaches, les rendant ainsi carnivores et finalement folles : cela rend la nourriture dangereuse pour l’organisme. En multipliant les images, vous avez fabriqué des réalités invraisemblables, puis vous les avez élevées au rang de réalités parfaites. Vos pubs, votre marché virtuel, vos stars et internet vous façonnent l’âme en tube : cela laisse peu de gens dans la réalité. Bien sûr, vous avez eu de bonnes raisons de faire tout cela. Vous conduisiez l’humanité vers un peu plus de bonheur. C’est du moins le rôle que vous comptiez jouer. Pour être heureux, l’humain doit pouvoir vivre à l’abri des intempéries, des serpents et des regards. Vous avez donc fabriqué des petites boîtes hermétiques, bien isolées du monde extérieur, que vous avez empilées les unes sur les autres pour gagner de la place. Pour être heureux, l’homme doit pouvoir manger à sa faim, en se fatigant le moins possible. Vous avez donc pris quelques ingrédients de base pour en faire des plats surgelés, ou des chips. Ainsi l’homme peut, dans sa boîte en béton, manger sans effort. Pour être heureux, l’homme doit s’amuser. Alors vous avez mis dans la boîte en béton une lucarne qui s’ouvre sur le monde. Ainsi l’homme peut voir les images du monde et en rire.

Pour être heureux, l’homme doit jouir. Vous proposez donc de multiples services pour le faire jouir. Grâce à votre contribution au progrès de l’humanité, nous nous retrouvons au­jourd’hui avec des hommes qui ont peur du monde, qui ne savent plus marcher dans la forêt, habitués qu’ils sont à n’arpenter que la cité. Grâce à vous aujourd’hui, l’homme ne sait plus rien faire ni de ses mains ni de sa tête. Il est désemparé et seul face à votre monde qui lui dit : « Ne crains rien, je m’occupe de tout. Je saurai te nourrir, te vêtir, je saurai satisfaire tous tes désirs, même les plus fous sont disponibles en magasin. Viens, n’aie pas peur. Ne reste pas dans cette nature hostile, mystérieuse et dangereuse. Viens, rejoins nous, nous sommes tous ici à vivre heureux, à l’abri dans nos boîtes en béton. Viens …. »

Alors l’homme, voyant ce monde se répandre souillant tout sur son passage, s’inquiète et demande : « Mais qu’elle est la rançon que tu réclames ? Que me prendras-tu pour m’imposer tout ça ? Quel est le prix à payer pour une telle insouciance ? » Car si tu me donnes une boîte hermétique, et des plats surgelés et une lucarne, que devrais-je moi te donner en retour 

 ? L’homme est libre de profiter des bienfaits de cette société s’il accepte de travailler. C’est à dire de vendre son temps. Votre système se nourrit du temps. Du temps et de l’attention, de l’énergie et finalement de la vie de ceux qui vivent dans ce système. Faire partie du système, être admis dans la société passe par la consommation. La consommation est l’acceptation tacite et honteuse du système. Si j’accepte de jouir, de consommer, alors j’accepte le système. J’accepte de travailler pour être admis dans la communauté, et peu importe que mon travail tue la vie ou trafique la conscience : je dois le faire car je fais partie de ce monde qui me donne ma boîte en béton, avec lucarne pour rigoler et chips en sachet. Ce cercle infernal conduit l’humanité à la barbarie et à l’aliénation.

La planète s’apprête à subir de telles transformations qu’à terme il est possible que l’humain cède sa place à une autre forme de vie évoluée. Une seule alternative permet de sortir de ce cercle infernal :
stop consommation range ta planète range ta tête

Voilà quel est le prix : le temps. Ce temps que tu pourrais passer à penser, à dialoguer, à construire, à instruire, à peindre ou à aimer, ce temps qui échappe à votre monde. Pour résumer, je constate que notre génération devra d’abord repérer les rares, qui sont encore dans la réalité ; puis, en prenant garde à ce qu’elle mange elle devra déminer ici et là, replanter quelques arbres, essuyer les tempêtes, filtrer l’eau, réparer les dégats causés par la folie furieuse, inconsciente, arrogante et idéologique de ses aînés.

Partant en mars 1999 de l’intuition selon laquelle seuls notre corps et notre temps nous appartiennent réellement, ce cheminement me conduisit à agir sincèrement pour que ceux qui ont décidé de ne pas vendre leur temps puissent vivre et s’exprimer, car je pense que nous avons là des choses à entendre. Je constate avec amertume que ceux qui étaient humbles et généreux hier peuvent aujourd’hui être fiers et condescendants. A présent, j’estime que l’évolution passe par l’individu et non plus par une cause à laquelle il faudrait se sacrifier. Chaque individu peut décider seul d’arrêter de vendre son temps, il y a un autre pas à faire : celui de décider seul d’arrêter de consommer. S’organiser pour réclamer le droit de consommer ne revient qu’à réclamer le droit de participer au jeu que l’on dénonce. S’organiser pour se donner les moyens de ne plus participer à l’oeuvre de destruction engagée par la société de consommation me semble aujourd’hui plus pertinent